Certains de nos articles ont relaté des scenarii catastrophes nous faisant peur quant à l’avenir incertain qu’ils nous laissent entrevoir.
Poursuivons, aujourd’hui, avec un nouvel exemple et intéressons-nous au glacier Thwaites.
Ce glacier est situé dans l’ouest de l’Antarctique. Il fait partie de l'inlandsis Ouest-Antarctique. Il a été baptisé ainsi en hommage à Fredrik T. Thwaites, géologue spécialiste des zones froides. Mais il porte un autre nom ; bien plus évocateur : le "glacier de la fin du monde". Les anglophones le surnomment « doomsday » - jour du jugement dernier. Tout un programme !
Mais pourquoi un tel nom ?
Pour une raison simple : Doomsday est en train de fondre.
Il n’est pas le seul glacier dont l’observation montre une fonte. Toutefois, les conséquences pourraient être d’une tout autre envergure avec celui-ci. En effet, Thwaites est un glacier gigantesque aux proportions hors normes. Avec une superficie de 200 000 km², soit le tiers de la superficie d’un pays comme la France, il est particulièrement sensible aux variations de températures et fait l’objet de toutes les attentions des scientifiques depuis quelques années.
Très récemment , les chercheurs ont montré que le réchauffement climatique, manifeste dans cette région de globe, accélère sa fonte et ce qui en découlerait, est digne d’un film catastrophe.
Si un tel glacier venait à perdre de sa masse et se détacher, il ferait monter le niveau des océans de façon dramatique et dans une mesure jamais observée. Anna Wåhlin, océanographe à l'université de Göteborg, explique que « Le niveau mondial de la mer est affecté par la quantité de glace sur terre. Or la plus grande incertitude dans les prévisions est l'évolution future de l'inlandsis de l'Antarctique de l'ouest ».
Dans le but d’étayer leurs recherches, les scientifiques ont décidé d’effectuer une plongée afin d’étudier le glacier par en dessous. C’est à l’aide d’un sous-marin, baptisé Ran, qu’ils ont pu mesurer la force, la température, la salinité et la teneur en oxygène des courants océaniques chauds et salés qui parcourent les fonds à cet endroit.
Ce qu’ils ont découvert n’est pas de nature à rassurer. Bien au contraire. Le colosse aux pieds de glace vacille. Alors qu’ils pensaient cet énorme glacier bien ancré au fond de l’océan grâce à ses piliers, le mettant ainsi à l’abri des courants, ils ont noté au contraire que des flux d’eau chaude circulent de façon active dans une zone où l’équilibre du glacier est fortement menacé. Anna Wâhlin précise que « La manière et les endroits où cette eau chaude attaque le glacier Thwaites sont influencés par la forme du fond marin et de la base de la banquise, mais aussi par les propriétés de l'eau elle-même. »
C’est la première fois que de tels mouvements sous-marins sont observés. La hausse de la température des eaux fait craindre aux scientifiques un renversement de la structure des glaces pouvant mettre en péril la stabilité du glacier. Comme l’expliquent les chercheurs : "ce flux d'eau chaude se mélange avec d'autres eaux sous le glacier et dégraderait plusieurs "points d'épinglages" majeurs du glacier". En clair, ce niveau inédit de fonte de glace pourrait entrainer un décrochage du glacier déversant des millions de m3 d’eau douce dans l’océan, ce qui, par la même, accélérerait, de manière significative, la montée des eaux du globe.
Si tel était le cas, le niveau des océans s’élèverait de 65 cms. Mais ca n’est pas tout. Comme dans tout bon scénario, les catastrophes s’enchainent. Si le glacier Thwaites venait à se décrocher, il entrainerait avec lui un écroulement glaciaire dans la partie occidentale de l’Antarctique. Le niveau des eaux du globe grimperait alors de 1,80 mètre !
Comme le rappelle Anna Wählin : « Ce sont les premières mesures jamais effectuées sous ce glacier. Elles vont nous aider à mieux modéliser sa dynamique ».
La fonte du glacier est amorcée et la tendance n’a guère de chance de s’inverser. Croisons simplement les doigts pour que les prochaines données récoltées par les chercheurs soient plus rassurantes et que les diverses modélisations permettent d’éviter le pire.
Publié le 13/04/2021 15:58
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