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Le groupe Kering renonce à l'utilisation de la fourrure.

Kering abandonne la fourrure. | Publié le 28/09/2021 17:38

C’est une belle victoire obtenue par PETA, ses militants et toutes les organisations qui oeuvrent au quotidien pour faire évoluer la condition animale dans la mode.

La nouvelle avancée notable dont il faut se réjouir aujourd’hui concerne le secteur du luxe et plus précisément de la mode.

En effet, le groupe Kering a annoncé , vendredi 24 septembre 2021, qu’il mettait fin aux ventes de fourrure dans toutes ses marques à compter des collections Automne 2022 ;  ce qui signifie que Saint Laurent et Brioni – les deux dernières maisons qui n’avaient pas encore interdit la fourrure – rejoignent Bottega Veneta, Gucci, Alexander McQueen et Balenciaga.

Cette victoire est l’aboutissement d’une longue campagne mondiale en faveur des animaux tués pour leur fourrure. Des enquêtes faites au sein de nombreux élevages de fourrure partout dans le monde montrent les mêmes conditions insalubres et cruelles et une souffrance extrême. Les animaux dans les élevages sont négligés, ils endurent la faim et la soif, et ont souvent des plaies ouvertes non traitées. Beaucoup d’animaux deviennent fous à cause de l’enfermement et présentent les signes d’une grave détresse psychologique, et certains en arrivent à l’automutilation et au cannibalisme. Les corps des animaux morts peuvent être abandonnés sur place, souvent dans des cages près des membres de leur famille.

Il y a près de 20 ans, Kering a commencé à retirer la fourrure de sa marque Bottega Veneta Depuis lors, PETA a maintenu la pression sur la société pour qu’elle abandonne la fourrure dans ses autres maisons de couture.

En 2017, après des années de protestations des entités de PETA, Gucci a annoncé une politique sans fourrure.

Précurseur au sein du groupe, Gucci avait annoncé en octobre 2017 arrêter l’utilisation de la fourrure à partir des collections printemps-été 2018, rejoint ensuite par Balenciaga, Bottega Veneta et Alexander McQueen. Depuis plusieurs années, de nombreuses marques de luxe dont des géants comme Chanel se sont détournées de la fourrure.

Seuls Brioni et Saint Laurent n’avaient pas franchi le pas chez Kering, conduisant l’organisation de défense de la cause animale PETA à manifester le 10 mars devant la boutique Saint Laurent de l’avenue Montaigne à Paris, après les protestations exprimées sur les réseaux sociaux à propos d’une publicité où le mannequin Kate Moss posait dans une veste en renard.

En 2020, PETA États-Unis a porté la campagne jusqu’à la salle du conseil d’administration, en devenant actionnaire de Kering. Pour faire entendre sa voix, PETA a misé sur la stratégie de l’entrisme au sein des grands groupes de l’habillement. L’organisation, coutumière des campagnes publicitaires chocs ou encore du lobbying politique pour peser sur les débats, avait décidé d’investir en Bourse profitant de la chute des cours lors de la crise. Dans son portefeuille d’actions, on trouve désormais une vingtaine d’entreprises, dont le groupe français Kering (qui possède Saint Laurent, Gucci ou Balenciaga), mais aussi Burberry, Ralph Lauren ou Guess, explique PETA. 

L’objectif de cette démarche  est de, bien évidemment, peser sur les décisions et faire du bruit à l’intérieur des groupes. Concrètement, acquérir ces actions des différentes entreprises pouvait  permettre à PETA d’accéder aux assemblées d’actionnaires dans les différentes entreprises. PETA espérait ainsi pouvoir infléchir les orientations commerciales décidées au plus haut niveau afin d’inciter les entreprises à bannir la laine, le mohair, le cachemire ou bien encore la fourrure. Une stratégie qui s’avère payante à en juger par les résultats obtenus.

En 2021, l’actrice Gillian Anderson a écrit une lettre au PDG François-Henri Pinault, appelant le géant de la mode à adopter une politique d’interdiction de la fourrure à l’échelle de l’entreprise. Puis, en 2021, Kering a confirmé qu’Alexander McQueen et Balenciaga étaient officiellement sans fourrure – faisant de Saint Laurent et Brioni les deux seules maisons de couture qui n’avaient pas encore banni la fourrure.

Michel Pourny

S’il n’y a qu’une seule chose dont nous pouvons être surs, c’est que lorsque nous achetons un vêtement avec de la fourrure, des êtres sensibles ont été tués violemment pour leur peau, souvent après une vie de souffrances et de privations.

Une pétition de PETA demandait à Saint Laurent et Brioni de « rejoindre les centaines d’autres créateurs et enseignes – dont Armani, Burberry, Chanel, Gucci, Macy’s, Michael Kors, Prada et Versace – qui refusent désormais de vendre des vêtements ou accessoires en fourrure ». Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable de Kering, explique : « Nous considérons qu’abattre des animaux qui ne seront pas mangés strictement pour utiliser leur fourrure ne correspond pas au luxe moderne, qui doit être éthique, en phase avec son époque et les questions de société. »

Quant aux « standards liés au bien-être animal » publiés par le groupe en 2019, ils « continueront d’être rigoureusement appliqués, s’agissant des autres fibres et matières animales », dit-elle. « Dans le luxe on est influenceur, on lance les tendances, donc on considère que cela fait partie de notre responsabilité de faire avancer les choses. »

La démarche est saluée par la Fondation Brigitte Bardot qui appelle désormais le numéro un mondial du luxe, LVMH, à suivre cette décision « dans un même élan de progrès, de respect du vivant », a réagi Christophe Marie, son porte-parole.

Si PETA et tous les autres acteurs militants se réjouissent de ce que toutes ces marques prestigieuses ont renoncé à la fourrure, le combat n’est pas terminé pour autant. D’autres entreprises continuent de soutenir cette industrie cruelle. C’est le cas de LVMH.

LVMH déclare « laisser à  ses maisons la possibilité de continuer à utiliser de la fourrure afin d’offrir à ses clients qui souhaitent en porter des produits réalisés de la façon la plus éthique et la plus responsable possible ». Il précise avoir banni les fourrures « d’espèces en danger ». Une « charte du bien-être animal » encadre les approvisionnements du groupe, qui vise une « traçabilité sur 100 % » de ses filières « d’ici à 2026 ». Un verbiage qui cache une réalité bien moins glamour. Ethique, responsable, charte du bien-être, le marketing peut souvent faire des miracles mais en l'occurence, ne saurait édulcorer la souffrance d’animaux matraqués, noyés, électrocutés, gazés et écorchés vifs pour le commerce de leur pelage.

Face aux pressions d’associations de protection des animaux et aux considérations éthiques d’une part croissante des consommateurs, il faut espérer que les derniers récalcitrants se ravisent rapidement. Ici comme dans beaucoup de domaines, c’est le consommateur et son acte d’achat qui montreront la voie à suivre.

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