Jusqu’ici, on n’y pensait pas trop.
C’est vrai, on se disait rarement à quel point il était vital de chouchouter ses poumons. On n’y réfléchissait pas au quotidien en tout cas…
La crise du Covid-19 a dramatiquement changé ça.
Garder notre souffle est devenu une priorité, quand des milliers de gens dans le monde l’ont malheureusement perdu.
« Tu n’as pas de mal à respirer au moins ? Tu es sûr ? ».
Je crois que depuis deux mois, on a forcément tous posé cette question à un parent, un enfant, un voisin.
Et ce souci, il faudrait peut-être le garder à l’esprit quand tout cela sera fini.
Car dans la « vraie vie », hors pandémie je veux dire, plein de facteurs jouent sur la santé de nos poumons.
La cigarette ?
Oui, les fumeurs voient assez de photos horrifiantes sur leurs paquets pour le savoir.
La pollution ?
On est au courant aussi, merci.
Mais ce que l’on mesure moins, c’est le rôle de l’alimentation sur nos poumons. La santé par l’assiette, encore et toujours…
A table, nos poumons ont ainsi un ennemi : les viandes transformées[1] !
Oui, le jambon, les saucisses, la charcuterie en général favoriseraient certaines maladies pulmonaires.
En effet, si le lien avait été fait pour des cancers[2] et problèmes cardiovasculaires, il vaudrait aussi pour les maladies respiratoires chroniques.
La viande attaquerait également poumons et bronches.
Une étude l’a clairement révélé en août 2019[3].
Sa méthodologie ?
Analyser les données recueillies auprès de 87 000 infirmières américaines (d’une moyenne d’âge de 36,8 ans) pendant vingt-six ans en moyenne, entre 1991 et 2017. Du sérieux, donc !
Or, cette étude démontre que la charcuterie augmente le risque de développer une maladie des bronches : la bronchopneumopathie chronique obstructive.
La broncho quoi ?
La bronchopneumopathie chronique obstructive (ou BPCO, c’est plus simple), aka l’une des quatre maladies chroniques contre lesquelles l’OMS nous incite à lutter.
Si vous n’en avez jamais entendu parler, vous la connaissez pourtant forcément : elle englobe l’emphysème pulmonaire, dont le chanteur Christophe est récemment décédé.
Et l’interprète des « Mots bleus » est loin d’être la seule victime de la BPCO…
Cette maladie touche 250 millions de personnes dans le monde, et représente la troisième cause de mortalité ! En France, cela fait 1,7 million de personnes et 16000 décès par an en moyenne.
Ah oui, quand même !
Ses effets ?
Selon la définition de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), « elle se caractérise par un rétrécissement progressif et une obstruction permanente des voies aériennes et des poumons, entraînant une gêne respiratoire »[4]. Elle s’accompagne de crachats, de toux et d’un essoufflement.
Et, selon l’Inserm toujours, elle ne se guérit pas…
Depuis quelques mois, on sait donc que tabac et pollution n’en sont pas les seules causes. La viande transformée est également un facteur aggravant.
Le pire, c’est qu’on ne parle pas là des drogués du saucisson. Pas besoin de se nourrir exclusivement de bacon pour être touché…
Selon l’étude, les femmes consommant de la charcuterie au moins une fois par semaine ont 29% de risques en plus de développer une BPCO que les femmes qui en mangent moins !
La raison n’en est pour l’instant pas connue.
« Plusieurs hypothèses ont néanmoins été avancées, dont une mettant en cause les nitrosamines pouvant se former à partir des nitrites utilisés pour conserver et colorer les charcuteries » expliquaient sur le site Slate Raphaëlle Varraso et Carlos A. Camargo, deux des chercheurs ayant décrypté les données des infirmières américaines[5].
Mais que la cause soit identifiée ou pas, les chiffres parlent d’eux-mêmes.
29% de risques en plus, pour de la charcuterie au moins une fois par semaine à peine !
Le danger est encore plus grand si la charcuterie – et son « effet délétère chez les femmes jeunes » – est associée au tabac et à une mauvaise alimentation, comme le soulignent Raphaëlle Varraso et Carlos A. Camargo.
« Nous avons observé que la combinaison des trois facteurs de risque que sont une consommation élevée de charcuterie, le tabagisme et une mauvaise alimentation augmente très sérieusement le risque de BPCO : il est multiplié d’un facteur supérieur à six, en comparaison à des femmes qui ne mangent pas de charcuterie, ne fument pas et ont une alimentation saine. »
Ah, et au fait, Messieurs, ne vous sentez pas pour autant hors de danger !
Les travaux du « Nurses’ Health Study », menés grâce aux données collectées par les infirmières américaines, se focalisent, certes, sur des femmes.
Mais d’autres études semblent indiquer que l’impact d’une mauvaise alimentation est le même pour les hommes.
L’étude que j’ai évoquée est juste celle qui semble la plus fiable, car avec la plus grande ampleur.
Bref, cela vaut peut-être le coup de repenser les planches de jambon de pays de 19h et les raclettes hivernales, non ?
Après tout, il est possible de faire bonne chère sans chair !
Notons enfin que, même en France, pays de la charcuterie par excellence, le Ministère de la Santé nous exhorte à en réduire absolument notre consommation[6].
Oui mais voilà.
Ces recommandations de bon sens sont parfois raillées au nom du « bien manger », de la préservation des traditions françaises.
Certains ne manquent pas d’air… Eux !
Et vous ? Souffrez vous de maladies pulmonaires ? Aviez vous entendu parler des ces études ?
Laurence Pieau https://alternative-vegan.com/
Publié le 16/11/2021 09:08
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