LE DOIGT DU REPROCHE POUR TOUS CES DECHETS PLASTIQUES
Encore et toujours du blabla...
Les récents débats s’animent, s’enveniment même. La raison ? Les montagnes de dechets plastiques qui s’accumulent – ‘qui est responsable’, pourriez vous demander ? Attention, préparez vous la réponse.
Les déchets plastiques – il sont partout : sur le bord des routes, sur les plages, dans les oceans, dans notre nourriture et maintenant, nous venons de découvrir que l’on en trouve aussi dans notre sang.
Il y a même du plastique dans des endroits où l’être humain n’a jamais vécu : en Arctique, en Antarctique, dans les fonds des oceans, dans les jungles les plus reculées. Mais comment ce plastique a t-il pu se retrouver la ? Comment est ce possible ? Il semblerait que les objets plastiques, les particules et les fibres plastiques sont transportés par les vents, les rivières, à travers les courants océaniques de telle sorte que plus un seul endroit sur terre n’est épargné et quelqu’un doit être tenu responsable de cela. Mais qui ?
La pollution plastique ne connait pas de frontières. Elle n’est pas confinée dans les pays développés ou sous développés. Elle est donc un probleme universel. Le problème de chacun. La question qui se pose alors est : qui est le responsable ? Certains accusent les fabricants à l’origine des produits. Certains accusent les consommateurs qui utilisent les produits et qui tiennent peu de cas des consignes de trie. Et d’autres encore accusent les gouvernements qui sont, par essence, responsables de tous nos maux.
La réponse à cette question ne fait pas consensus. Voila pourquoi dans cette edition 4 de WIZARDWORDS, je vais examiner la situation en essayant de comprendre quelle est la dynamique du problème et comment il peut être démêlé afin que nous puissions commencer à trouver une solution.
Mais êtes-vous d’accord avec Horatio ?
La plupart d’entre nous est d’accord pour dire que la pollution plastique existe et qu’il devrait y avoir une solution quelconque. En revanche, il y a peu ou pas d’accord quand à la réponse à apporter à ce problème. Pas plus que pour designer ceux qui doivent revoir leurs copies. Il n’y a pas de consensus pour savoir qui devrait rendre des comptes (mais ça, c’est sans surprise). Qui devrait changer quoi et qui devrait payer ? A qui ? et Combien ?
Il y a des coupables. Qui sont-ils ?
Nous allons examiner trois catégories d’intervenants dans le débat (il y en a bien d’autres impliqués), qui sont : les fabricants, les législateurs et les consommateurs. Chacun des trois est très prompt à montrer les autres du doigts en certifiant que son impact est minime et que de toutes façons, il n’a pas d’autres choix que de continuer comme il fait. Donc, démêlons le faux du vrai : qui est responsable, qui est innocent et qui doit réparer.
Tu l’as fait alors répare.
Tout d’abord, il y a les producteurs, comprenant de grandes entreprises qui produisent les polymères et il y a des producteurs d’aliments qui ont besoin de solutions d’emballage avancées pour mettre leurs produits sur le marché. Il existe également des concepteurs d’emballages qui prennent des décisions de conception pour trouver l’équilibre optimal entre la protection du produit et la facilité d’utilisation par les consommateurs. Il y a les détaillants qui stockent et vendent ces produits aux consommateurs et les entreprises de logistique qui transportent des produits sur plus de 1000 kilomètres pour distribuer les produits aussi largement que possible à travers le monde.
Ces acteurs font tous partie d’une chaîne de valeur qui a évolué pour être toujours plus efficace et omniprésente pour distribuer des produits emballés aux quatre coins du monde. C’est notre réussite en tant que société - que tout le monde peut tout obtenir, partout, à tout moment. Production régionale; les productions saisonnières; et la rareté des biens est devenue un concept démodée.
Si la production mondiale de plastique est d’environ 400 millions de tonnes, alors environ 180 millions de tonnes de matière plastique se trouvent dans cette chaîne d’emballage. Le plastique à usage unique (SUV) représentait environ 70% de la pollution provenant des emballages en plastique (135 millions de tonnes dans le monde). C’est beaucoup et il n’y a actuellement aucun moyen de collecter ou de retraiter ce volume de plastique de façon « économique » (c’est un coût - voir WIZARDWORDS Ed3)
La motivation première de tous ces acteurs est commerciale. Ils opèrent uniquement à des fins lucratives. Toutes leurs décisions sont basées sur la poursuite du profit. Cette notion les définit et les confine toutes. Ainsi, lorsqu’on leur demande de faire des choix différents pour réduire la pollution plastique, il n’y a qu’un seul cadre possible pour ce groupe qui est; « Est-ce que cela me rapportera plus d’argent? » – répondre « Non, cela pourrait vous coûter de l’argent », il n’est guère surprenant qu’ils ne soient pas disposés à agir contre leurs intérêts.
Aucune honte et stigmatisation ne changera leur nature; leur cadre de décision ou leurs intérêts. Cela devrait être bien compris dans toutes les relations avec les producteurs. Les récentes tentatives de répartition des responsabilités avec les programmes de REP et autres ont été accueillies avec au mieux un caractère symbolique. Ces décideurs agissent au gré de leurs actionnaires qui ne se soucient que des dividendes plutôt que de toute notion de responsabilité sociale. En tant que tel, il est complètement absurde de s’attendre à ce que les producteurs aient une révélation et apportent des changements là où il n’y a pas d’avantage de profit clair, même s’ils pourraient publiquement déclarer leur accord afin de faire évoluer la situation.
Compte tenu de ces dynamiques, les producteurs sont-ils à blâmer pour le problème de la pollution plastique? Ils disent NON, ils n’ont aucune responsabilité dans la mauvaise gestion de l’élimination des emballages qu’ils produisent. Cela rappelle la façon dont les fabricants d’armes à feu affirment que « les armes à feu ne tuent pas les gens, ce sont les mauvaises personnes avec des armes à feu qui tuent les gens » - ce qui est, bien sûr, aberrant
De toutes évidences, OUI, les producteurs sont responsables de la pollution plastique qu’ils créent. Cette conclusion est accablante car il existe de nombreuses preuves que prendre des mesures pour s’engager dans la collecte et le retraitement des déchets qu’ils ont créés est en fait « bon » pour les affaires, mais ils ne peuvent pas et ne le verront pas. Si les producteurs ne veulent pas se voir affublés du Doigt du blâme, alors ils devraient commencer à mener la conversation sur la façon de collecter et de retraiter ce qu’ils produisent et d’investir dans l’ensemble du processus à un niveau significatif. Ce n’est qu’à ce moment là qu’ils pourront être sérieusement considérés comme des chercheurs de solutions et pas seulement blâmés pour avoir causé le problème.
Vous avez dit que vous le feriez mais nous ne l’avez pas fait.
Le groupe suivant, ce sont les législateurs qui sont sûrs qu’ils ne sont pas à blâmer pour le gâchis dans lequel nous nous trouvons. Au contraire, OUI, ils sont la cible du doigt du blâme. Cela fait maintenant plus de 70 ans que les déchets plastiques sont un problème répandu ou même critique et ce n’est que récemment qu’il y a eu une législation pour y remédier. La récente interdiction des emballages à usage unique introduite en Europe en 2020 est vraiment, trop peu, trop tard à tous points de vue. Au cours de ces 70 dernières années, ce sont déjà plus de 9 milliards de tonnes ou plus de plastique qui ont été déversées dans l’environnement et il est déjà trop coûteux de faire quoi que ce soit pour résoudre le problème. Il n’y a donc aucun moyen de l’esquiver. Ce problème est celui des législateurs (et ils se le partagent de générations en générations)
Les législateurs sont réactifs aux électeurs qui les mettent au pouvoir, alors normalement ils se concentrent sur les activités qui les feront réélire. C’est leur nature et leur motivation première. Espérons que les électeurs demandent plus aux politiciens que de simplement nous rendre une politique qui répond aux obsessions des voix les plus fortes. Gouverner consiste à voir ce qui doit être fait et à équilibrer les plans de travail et les ressources sur les questions les plus importantes. C’est leur travail de décider quels devraient être ces problèmes.
Pendant tout ce temps, la pollution plastique n’a pas été du côté positif de la balance et même maintenant, ce n’est pas vraiment un problème sérieux qui mérite des enveloppes budgétaires importantes - « vous dites que oui, c’est un problème important mais où est l’argent? » Des politiciens comme Edouard Philippe, Premier Ministre de la France en 2017, ont déclaré dans son discours inaugural que « tout le plastique sera recyclé d’ici 2025 », et même maintenant, 5 ans plus tard, il n’y a pas d’allocation d’argent dans le budget français et aucun plan pour le dépenser (peut-être dans les 3 prochaines années). Il semble que les politiciens et les gouvernements aiment parler de la pollution plastique et de la nécessité d’en venir à bout, mais ils n’aiment pas consacrer de l’argent pour faire quoi que ce soit à ce sujet. Peut-être n’est-ce pas très rémunérateur d’un point de vue électoral - tenir les promesses n’est pas nécessaire, semble-t-il.
De toute évidence, la mise en place de mesures politiques et de lois (comme la taxe sur le plastique de 2021) oblige les producteurs de toute la chaîne de valeur à modifier leur comportement, mais c’est un instrument brutal. Il punit les producteurs qui font un effort au même degré que ceux qui n’en font pas. Il n’y a pas d’incitations intégrées pour passer à un meilleur modèle et pour faire apparaître et développer des solutions. C’est simplement une autre forme de collecte de revenus avec de la poudre aux yeux pour montrer que quelque chose est fait – mais rien n’est fait sauf parler et pendant ce temps, la pollution plastique continue d’augmenter. Récemment, les législateurs ont offert des subventions dans la recherche de solutions novatrices à ces problèmes. Ils ont dit explicitement qu’ils voulaient trouver des solutions innovantes. Il s’avère que l’argent est alloué à de plus en plus de recherches plutôt qu’à des innovations réelles qui pourraient prouver leur efficacité en montrant un certain impact. C’est peut-être au début des années 90 qu’il a été dit que: « les gouvernements ne devraient pas avoir pour profession de choisir des gagnants ». Les subventions mises en place devaient trouver des gagnants et pourtant, il semble que ça n’a pas été le cas. Toujours plus de recherche n’est pas forcément synonyme d’innovation.
Les gouvernements, nationaux et régionaux, ont globalement échoué au cours des dernières décennies à reconnaître le problème et à agir efficacement alors qu’il était encore (un peu) gérable. C’est maintenant hors de contrôle et c’est devenu une crise mondiale, touchant tout le monde. Le prix de la solution est maintenant au-delà des moyens de toute organisation, de tout pays, ou même de toute région, se chiffrant en milliards d’euros. Comme chaque année passe sans qu’aucun plan ne soit mis en place pour ne serait-ce qu’atténuer la progression de la pollution provenant des emballages en plastique, il devient de plus en plus difficile de voir dans quels domaines les législateurs vont bien pouvoir apporter quoi que ce soit d’impactant. Le constat est amer : c’est un échec et pas des moindre.
Vous l’avez achetez donc ça vous appartient.
Le troisième groupe est constitué de consommateurs qui, pour la plupart, se disent innocents de cette crise, mais qui ne parviennent toujours pas à assumer la responsabilité de leurs actes lors de l’élimination des déchets plastiques. Pour leur défense, les consommateurs ne savent pas comment faire différemment, car ils comptent sur les producteurs et les législateurs pour leur dire où et comment éliminer les déchets. Dans certaines parties du monde, il n’y a pas de guide et pas d’installations et donc les déchets vont dans la rivière et disparaissent. Alors, comment peuvent-ils être blâmés alors qu’ils ne reçoivent aucune information ?
Même dans les pays développés où des systèmes de collecte sophistiqués et coûteux sont proposés, tous les consommateurs ne font pas l’effort d’adhérer aux meilleures pratiques. Ceux qui le font portent souvent l’insigne d’honneur en tant que « recycleur responsable », seulement pour découvrir que la plupart de ce qu’ils trient, va à l’incinération ou à la décharge de toute façon. Avant l’adoption de l’amendement de Bâle (2022), les pays pouvaient exporter leurs déchets afin de transférer le problème à quelqu’un d’autre – problème résolu?. Maintenant, il doit être traité par chaque pays et c’est là que réside la prise de conscience qu’un nouveau système est nécessaire parce que dans la plupart des cas, les systèmes existants ne peuvent pas faire face au volume de déchets ou à la complexité du retraitement.
Les taux de recyclage diminuent, les volumes de déchets augmentent, les populations augmentent, tout comme les effets mondiaux de la pollution. Ces problèmes sont-ils vraiment à résoudre par les consommateurs? Oui, ils le sont parce qu’avec l’acte d’acheter un produit vient la responsabilité de se débarrasser des restes que vous ne voulez pas. Ce concept n’est pas nouveau, il a toujours été appliqué, mais il semble que les consommateurs aient un angle mort quand il s’agit de considérer les emballages (et les mégots de cigarettes). La nuit des ordures ou la nuit du recyclage dans les pays développés consistait à regrouper les déchets dans un sac ou une poubelle et à les laisser à la Commune pour les collecter. C’était censé suffire, mais dans la dernière édition (WIZARDWORDS ed3.0), il a été expliqué que ce processus de collecte et de réutilisation des matières est bien trop coûteux. Leur valeur pour la chaîne était beaucoup moins élevée que le coût de la collecte en lui même. Donc, le problème grandit.
OUI, les consommateurs sont à blâmer pour avoir acheté les produits avec des emballages autour. Le plastique qui compose cette pollution n’existerait pas s’il n’était pas acheté par les consommateurs en premier lieu - de sorte que les consommateurs créent le plastique par l’acte de l’acheter. Cependant, les emballages modernes remplissent une fonction très importante pour protéger les aliments de la contamination et prolonger la durée de conservation. Logiquement, il devrait en découler que la solution à cette crise serait, en premier lieu, de persuader les consommateurs de refuser les produits qui sont proposés avec des emballages complexes au profit des marques qui n’en proposent pas. Il doit également y avoir une autre solution pour protéger les aliments.
Qui doit changer quoi et quand ?
Avant l’existence des supermarchés, la plupart des produits étaient vendus dans des magasins en vrac et par des producteurs locaux. Ils étaient ramenés à la maison dans des paniers réutilisables et décantés dans des récipients de stockage à la maison. Les versions modernes de ce modèle sont en hausse dans la plupart des pays et devraient devenir la nouvelle norme. C’est aux consommateurs de reconnaître qu’ils détiennent la clé de la poursuite ou du déclin de la crise par les choix qu’ils font dans leur magasin quotidien / hebdomadaire.
Que les coupables se lèvent s’il vous plait
Alors maintenant, faisons les totaux, répartissons convenablement la honte et le ridicule. Nous obtenons :
- Les producteurs sont responsables pour avoir fabriqué des emballages et des produits sans réfléchir et de ne pas avoir prévu d’investissements destinés au traitement des déchets.
- Les législateurs sont à blâmer pour avoir ignoré le problème pendant toutes ces décennies et aujourd’hui encore, pour ne pas faire face aux conséquences.
- Les consommateurs sont aussi à blâmer pour avoir accepté des produits qui ne peuvent pas être retraités localement et qui finissent dans l’environnement sous forme de fumées toxiques car incinérés, sous forme de particules toxiques dans les nappes phréatiques, sous forme de poison qui se diffuse dans nos rivières, nos fleuves pour finir dans les océans, contaminés pour toujours.
Bref, tout le monde est à blâmer pour ce gâchis, et tout le monde devrait travailler ardemment pour trouver ce qu’il peut faire pour l’inverser avant que cela ne devienne une tâche impossible à gérer pour nos enfants. Sinon, le film « WALL-E » devient un documentaire prémonitoire au lieu d’un fantasme de mise en garde. Regardez-le à nouveau et voyez l’avenir que nous devons accepter si rien ne change.
Découvrir qui a causé le problème est toujours la première étape de la prévention et de la solution.
Le doigt a été pointé – et maintenant ?
Tout le monde a un rôle à jouer et il y a des changements à apporter tout au long de la chaîne de valeur pour que toute solution possible ait un impact.
Il ne reste plus beaucoup de temps : nous avons déjà étudié et fait des recherches en large et en travers sur l’enfer de ce problème. Ce qu’il faut maintenant, c’est un plan; un plan directeur; une innovation; une nouvelle approche courageuse; un changement d’une ampleur sismique dans la façon dont les choses se déroulent actuellement afin que tout aille dans la bonne direction.
Ensuite, nous devons agir ensemble sur ce plan et le réaliser afin que notre Maison puisse à nouveau ressembler au genre d’endroit où nous voudrions tous vivre. Quiconque vous dit que ce n’est pas une crise et que rien de tel ne se produit en ce moment est soit un menteur dont le seul but est de faire de l’argent soit un incapable qui ne sait pas voir au-delà de ses propres intérêts. Aujourd’hui, il n’y a pas de plan, il n’y a pas d’action efficace, il n’y a pas de solution globale, et nous en avons désespérément besoin, de toute urgence.
La prochaine édition examinera quelques solutions possibles et nous tenterons de savoir si des signes prometteurs existent.
Publié le 24/05/2022 10:30
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