Un rapport de recherche du Climate Centre préparé pour l’Alliance de recherche sur l’adaptation, lancé à la COP 26, se joint aux appels à cesser de présenter le climat et la santé « comme des questions verticales ou indépendantes l'une de l'autre », mais plutôt à renforcer la résilience climatique des systèmes de santé pour protéger la vie aujourd’hui et à l'avenir.
L'étude compile les résultats d’une consultation mondiale sur les priorités de recherche en matière d’adaptation liée à la santé qui a débuté en août; elle était dirigée conjointement par la Health Security Agency du Royaume Uni.
L’ARA préconise « un nouveau paradigme de recherche orientée vers l’action pour apporter des informations sur une adaptation efficace afin de réduire les risques liés au changement climatique, en particulier pour les pays et les communautés les plus vulnérables – à l’échelle et à l’urgence exigées par la science ».
Comme l’a conclu le sixième rapport d’évaluation du Groupe de travail I du GIEC, l’activité humaine a provoqué et continuera de provoquer des changements sans précédent dans le système climatique de la Terre, entraînant des impacts importants sur les sociétés, les économies et les écosystèmes. Pour répondre efficacement à ces impacts, il faut une adaptation rendue possible et étayée par des connaissances exploitables – à la fois des risques du changement climatique et des réponses tangibles.
Cependant, la portée et l’ampleur actuelles de la recherche orientée vers l’action sont insuffisantes. Elle est entravée par le sous-investissement, une déconnexion entre les chercheurs et les expériences des plus vulnérables, des incitations mal alignées, la fragmentation, la faible capacité dans les pays en développement et un apprentissage limité de l’expérience.
Le rapport identifie les priorités pour la recherche sur l’adaptation liée à la santé dans les domaines de la finance, de la gouvernance, des systèmes d’information, des ressources humaines, de la technologie et de l’infrastructure, et de la prestation de services.
Il affirme que la capacité des systèmes de santé « à détecter, planifier et s’adapter aux stress liés au climat » aide à déterminer les impacts du changement climatique sur la santé. Mais alors qu’environ la moitié des 100 pays étudiés ont déclaré avoir un plan national de santé et de climat, « une analyse qualitative [a indiqué qu’ils] variaient considérablement ».
Avec seulement un montant évalué à 0,5 %, la santé reçoit « des sommes insignifiantes de financement climatique international » – et c’était sans doute la principale entrave au renforcement de la résilience climatique au sein des systèmes de santé.
« La recherche sur l’adaptation devrait soutenir les prévisions des menaces qui ont été identifiées et atténuer l’évolution des tendances et risques qui pèsent sur les systèmes de santé »
Les trois messages clés du rapport commencent par un appel à « une recherche ambitieuse sur l’adaptation reflétant l’urgence de la crise climatique et ceci, à un niveau suffisamment élevé pour éclairer à la fois les politiques et les pratiques [et incarner] les valeurs d’équité, de qualité, de solidarité et de durabilité ».
Deuxièmement, le rapport indique que « la recherche sur la mise en œuvre des systèmes de santé est aussi importante que la recherche elle-même ».
Dans la recherche, il est essentiel de mobiliser à grande échelle des représentants de la communauté, des décideurs, des planificateurs, des professionnels de la santé de toutes sortes, des météorologues, des modélisateurs climatiques, des experts en communication, des sociologues et des anthropologues.
Comprendre les systèmes de santé dans un contexte national aidera à hiérarchiser l’ordre dans lequel les dix points d’action du Cadre opérationnel de l’OMS de 2015 pour la mise en place de systèmes de santé résilients au changement climatique devraient être abordés.
Le rapport ajoute : « La recherche sur l’adaptation devrait soutenir la prévision des menaces anticipées [dans la mesure du possible] pour atténuer l’évolution des tendances et des menaces pour les systèmes de santé, en particulier la prestation de services. »
Son troisième message clé est que « l’investissement dans la recherche sur l’adaptation des systèmes de santé doit être renforcé sur la scène internationale ».
Vision
Une remontée d'information au niveau local quant aux mesures de mises en place des systemes de santé est primordial dans le but d'éclairer les débats sur les politiques mondiales d’adaptation et de résilience au sein des systèmes de santé.
Les nouveaux aspects du rapport comprennent une évaluation du rôle que les adaptations (telles que les changements dans nos milieux de vie et nos comportements) peuvent jouer dans la réduction des impacts futurs sur la santé liés au climat, afin d’éclairer les politiques nationales et locales.
La pandémie de COVID-19 a renforcé le fait que la collaboration au niveau mondial, national et local est cruciale pour faire face aux principales menaces auxquelles nous sommes confrontés.
Cela nécessite une plus grande représentation des chercheurs dans les pays du Sud, une cohérence dans les méthodes de recherche et la compilation des résultats, ainsi qu’un financement pour la recherche, l’infrastructure et la gestion locales.
Le renforcement des systèmes de santé est complexe, entouré de données imparfaites et prend beaucoup de temps : le dialogue est nécessaire pour aider les différents acteurs à partager leur travail et à le relier à leur expérience vécue « dans un récit global plus large ».
« Ce processus de consultation visait à identifier les « besoins de la connaissance à l’action » ou les obstacles à la recherche qui stimulent l’action climatique dans les systèmes de santé », indique le rapport en conclusion, « et ce faisant, à identifier les possibilités d’action et à comprendre qui doit faire quoi » parmi les chercheurs, les décideurs, les praticiens et les communautés.
Bien avant le demarrage de la COP 26, qui s’est achevée il y a quelques jours, il a appelé à ce que la santé et la justice sociale « figurent au cœur des négociations sur le climat pour nous unir dans la protection et la promotion du bien-être et dans une perspective d’amélioration de la résilience au changement climatique d’ici 2030 afin d’assurer un avenir dans lequel tous les êtres prospèrent, et pas simplement, survivent."
Publié le 22/11/2021 07:00
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