Le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, a appelé aujourd’hui le continent africain et le reste du monde à produire un effort collectif soutenu et à manifester une volonté politique et un engagement renouvelé pour transformer les systèmes agroalimentaires et améliorer la nutrition.
M. Qu s’exprimait lors d’une manifestation de haut niveau sur la lutte contre la malnutrition en Afrique qui se tenait en marge de la 36e session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine, à Addis-Abeba (Éthiopie).
«Il est plus essentiel que jamais d’aider les communautés vulnérables en leur offrant des solutions variées et innovantes pour renforcer leur résilience et transformer les systèmes agroalimentaires afin d’améliorer la nutrition», a-t-il déclaré lors de la réunion, à laquelle participaient plus d’une dizaine de chefs d’État et de gouvernement africains ainsi que des responsables de haut niveau d’organisations internationales, notamment d’institutions des Nations Unies et de banques de développement.
La manifestation, organisée par la FAO, le Royaume du Lesotho, la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement et l’Initiative des dirigeants africains pour la nutrition (African Leaders for Nutrition – ALN), était consacrée à l’évaluation des progrès accomplis et des résultats obtenus dans la lutte contre la malnutrition en Afrique.
Selon le dernier rapport conjoint sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, élaboré sous la houlette de la FAO, 281 millions de personnes sont sous-alimentées sur le continent et près de 60 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance et 14 millions d’émaciation.
Le Directeur général de la FAO a également averti que 1 milliard de personnes ne pouvaient pas se permettre une alimentation saine en 2020 en Afrique et que les effets de la crise climatique, des conflits, de la pandémie et de la guerre en Ukraine y faisaient progresser la malnutrition et la faim.
«Malheureusement, nous savons que l’Afrique accuse un retard dans la réalisation des objectifs nutritionnels de la Déclaration de Malabo et des objectifs de développement durable (ODD)», a-t-il noté.
Mesures essentielles à prendre
M. Qu a expliqué qu’il fallait, pour relever les défis liés à la nutrition en Afrique, prendre une série de mesures essentielles.
L’une d’elles consiste à promouvoir des systèmes agroalimentaires qui intègrent l’enjeu nutritionnel et qui procurent à tous et toutes des aliments sûrs, nutritifs et diversifiés.
«L’agriculture peut améliorer les résultats obtenus en matière de nutrition, et il nous faut veiller à ce que cette dernière soit une priorité des politiques et programmes agricoles», a-t-il expliqué.
Pour M. Qu, il faut également intensifier les interventions qui s’attaquent aux causes sous-jacentes de la malnutrition, telles celles qui visent à promouvoir l’allaitement maternel et à améliorer l’accès à l’eau potable ainsi que l’hygiène et l’assainissement.
Le Directeur général de la FAO a demandé aux dirigeants africains d’encourager la reddition de comptes quant aux résultats en définissant des objectifs, en suivant les progrès accomplis et en faisant preuve de transparence en ce qui concerne les réalisations et les difficultés, ainsi que de renforcer les capacités des systèmes nationaux de nutrition en matière de collecte, d’analyse et d’utilisation de données.
«La lutte contre la malnutrition appelant une approche multisectorielle, il nous faut œuvrer de concert pour atteindre nos buts collectifs en tirant profit des compétences, des ressources et des réseaux de toutes les parties prenantes afin de progresser effectivement dans cette entreprise», a-t-il souligné, préconisant vivement un renforcement des partenariats et de la collaboration.
Derrière les objectifs de Malabo
En juin 2014, les chefs d’État et de gouvernement présents au Sommet de l’Union africaine qui se tenait à Malabo (Guinée équatoriale) ont adopté une série d’objectifs agricoles concrets à atteindre d’ici à 2025, notamment éliminer la faim et réduire la pauvreté de moitié grâce à l’agriculture.
Aujourd’hui, à Addis-Abeba, les responsables de l’Union africaine et les chefs d’État et de gouvernement réunis à la manifestation, dont le roi Letsie III du Lesotho, également Ambassadeur spécial de la FAO pour la nutrition, ont évalué l’état d’avancement de la concrétisation des objectifs de Malabo.
Mme Josefa Sacko, Commissaire de l’Union africaine chargée de l’agriculture, du développement rural, de l’économie bleue et de l’environnement durable, a fait savoir qu’à deux ans de l’échéance de 2025, au rythme actuel, le continent n’atteindrait pas les objectifs et cibles de Malabo relatifs à la nutrition.
Elle a souligné que la faim et la malnutrition étaient les principales causes de la pauvreté et du sous-développement en Afrique car elles sont à l’origine d’une mauvaise santé, de faibles niveaux d’énergie et de déficiences mentales, lesquels se traduisent par une faible productivité qui agit négativement sur l’éducation.
Mme Sacko a appelé tous les États membres et les communautés économiques régionales à redoubler d’efforts pour accélérer le rythme de mise en œuvre des stratégies et programmes qui améliorent l’état nutritionnel de la population africaine.
L’action de la FAO en faveur de la nutrition en Afrique
La FAO a appuyé l’élaboration de plusieurs politiques et stratégies nutritionnelles en Afrique, y compris la stratégie régionale africaine en matière de nutrition, la stratégie pour une alimentation et une nutrition scolaires durables, la nouvelle initiative africaine pour l’élimination du retard de croissance et l’initiative de l’Union africaine en faveur de la nutrition dans les pays touchés par la sécheresse et les conflits.
La FAO aide également les pays à renforcer leurs systèmes de données et d’information ainsi qu’à former des experts afin qu’ils alignent les indicateurs de faim et de nutrition sur les ODD.
Parallèlement, l’Initiative Main dans la main de la FAO appuie la mise en œuvre de programmes menés au niveau national pour accélérer la transformation des systèmes agroalimentaires en éliminant la pauvreté, la faim et la malnutrition et en réduisant les inégalités.
«Ensemble, nous devons continuer à investir et à innover dans une agriculture diversifiée qui tienne compte de la nutrition, nourrisse les populations et protège notre planète», a souligné le Directeur général.
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Publié le 25/02/2023 15:03
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