Le 18 mars dernier, nous avons pu assister à une manifestation insolite. Un groupe de militants écologistes a plongé dans les eaux de l’océan indien sur le site de Saya de Malha entre les Seychelles et Maurice. Munis d’une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Youth Strike for Climate ( grève de la jeunesse pour le climat), ils ont organisé la première manifestation sous-marine. Amenée par Shaama Sandooyea, une jeune biologiste marine de 24 ans, cette action avait pour objectif d’alerter contre la pollution des eaux ainsi que le manque d’action pour lutter contre le dérèglement climatique. Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large d’un mouvement international initié par Greta Thunberg en 2018 qui se nomme Fridays For Future. Il s’agit de grèves faites par les jeunes étudiants, en général le vendredi – d’oû son nom – , qui quittent leurs établissements scolaires afin de participer à des manifestations en faveur de l’action contre le réchauffement climatique.
Jusqu’alors davantage habituée à des manifestations classiques terrestres du genre marches, occupations en tous genres ou sit-in, c’est sous les eaux au large d’iles paradisiaques que la militante écologiste a choisi, cette fois, de faire porter tous les regards. Originaire de Martinique, elle souhaite exprimer son ras le bol face à toutes les attaques dévastatrices subies par l’ensemble de l’éco système sous marin local. Les habitants de son ile ont lutté des mois pour essayer de nettoyer les ravages causés par un navire qui a déversé, l'année derniere, 3 800 tonnes de fioul et 200 tonnes de diesel sur les côtes mauriciennes, souillant toute la réserve naturelle, dévastant les coraux, engluant les oiseaux et intoxiquant rougets, calamars et poulpes. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres. Les dégazages sauvages, les marées noires ou encore les échouages sont fréquents dans cette région du monde.
Une situation insupportable pour cette jeune activiste qui rappelle à quel point la santé des océans est essentielle, non seulement pour la faune et la flore sous marine mais également pour les populations. Comme elle l’a déclaré : » Ayant grandi sur une île, à Maurice, je suis aux premières loges pour voir combien la bonne santé des océans est primordiale, pas seulement pour le climat, ou pour les tortues et les poissons, mais pour les millions de gens qui, ici, dans l’hémisphère sud en dépendent."
Grace à ce genre d’action, elle espère attirer l’attention sur la gravité de la situation. Il est urgent d’agir pour la santé des océans et le dérèglement climatique. La hausse des températures induite par l’activité humaine fait grimper celle des eaux fragilisant ce site qui, au dela de sa richesse naturelle, représente un énorme puit de carbone.
On savait les Maldives et les Seychelles très touchées par la pollution, au plastique et autres déchets, engendrée par l’activité touristique. L’ile de Thilafushi aux Maldives, qui signifie « l’ile poubelle », offre le triste spectacle des allées et venues de dizaines de gros bateaux qui viennent déverser chaque jour 1.500 tonnes de déchets en provenance des hôtels et de la capitale. Ce n’est guère plus brillant aux Seychelles. On se souvient de cette arche océanique en plastique fabriquée par l’ONG Ocean Project Seycjhelles érigée à Victoria, capitale des Seychelles, dénonçant les ravages de la pollution marine. Symbole de l’irresponsabilité humaine.
Shaama Sandooyea et son groupe de militants ont voulu donc montrer une nouvelle fois l’envers du décors, éveiller les consciences, rappeler la part de responsabilité incombant à chacun d’entre nous. Cette manifestation sous marine nous amene derrière la carte postale pour se confronter à une toute autre réalité : Un coin de paradis où les créatures marines meurent dans un habitat naturel recouvert de détritus et agressé sans cesse par les pollutions humaines.
Publié le 24/03/2021 20:28
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