Le rhinocéros noir vit en Afrique australe. En un demi siècle, il a vu sa population baisser de 65 000 individus à 2 600 de nos jours. Il se caractérise par ses deux cornes positionnées sur son nez qui font l'objet de toutes les convoitises. En effet, cet animal fait l'objet d'un braconnage intense. Ils sont massacrés dans le but de leur retirer leurs cornes qui sont, par la suite, transformées en une poudre vendue à prix d'or en Asie.
C'est bien pour leur venir en aide et tenter de préserver l'espèce que la Banque mondiale à décider d'innover en lançant une "rhino-bond" ou "rhino-obligation" ; une obligation entrant dans le champs des Wildlife Conservation Bonds. Cette obligation, émise pour un montant de 150 millions de dollars, est destinée aux investisseurs désireux d'intervenir dans la finance à impact. Ces derniers peuvent ainsi soigner leur image en communiquant sur leurs placements vertueux au service de la vie sauvage et de la biodiversité.
Le principe de la rhino-obligation est simple. La Banque mondiale emet cette obligation pour des millions de dollars et verse ensuite l'argent aux différents acteurs dédiés à la protection de l'animal : les associations qui luttent contre le braconnage et qui vont pouvoir ainsi s'équiper en matériel de surveillance ou encore les parcs nationaux qui auront davantage de moyens pour améliorer les conditions de vie des individus. Point non négligeable, c'est la Banque mondiale qui remboursera sur ses fonds propres, aux investisseurs, les sommes allouées et non les associations.
Objectif fixé par la Banque mondiale : si la population du rhinocéros noir augmente de 4% par an, alors les investisseurs pourront se partager 14 millions de dollars versés par le Fonds mondial de l'environnement. En revanche, si la population stagne, ils récupéreront simplement leurs mises.
Même si le rendement d'une telle obligation n'a rien de mirobolant, puisqu'elle affiche un rendement de 1,5 % par an, elle offre, en revanche, la sécurité. Elle est notée triple AAA avec un risque de défaut quasiment nul. En plus de cela, la Banque mondiale a décidé, afin de se garantir le succés de son obligation, d'offrir une réduction de 5% de son prix d'achat, améliorant ainsi un peu plus son rendement.
Voici un bel exemple de ce que la finance mondiale peut faire quand elle décide de mettre sa puissance au service de la nature et de l'environnement. Même s'il a fallu beaucoup de temps à la Banque mondiale pour mettre au point sa rhino-obligation, souhaitons que cette innovation financière soit suivie de bien d'autres.
Publié le 30/03/2022 10:38
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