Un extrait officieux d’un rapport du GIEC non encore validé par la communauté scientifique internationale ainsi que par les gouvernements a été publié. Il concerne l’évolution du changement climatique et l’avenir cauchemardesque qu’il nous reserve.
Inutile d’aller au cinéma pour frissoner devant un film catastrophe. Aujourd’hui, le GIEC fait mieux qu’Hollywood. Dans une étude à paraitre en 2022, les experts climat du GIEC dépeignent un portrait de l’avenir de l’humanité qui fait froid dans le dos. Ils estiment que « le pire est à venir" et que des températures excédant les 1,5 ° Celsius collégialement acceptées sont déjà synonymes de "conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles ».
Les circonstances dans lesquelles l’Agence France Presse a pu se procurer et publier ce projet de rapport demeurent floues. D’autant que cette étude n’est pas censée être officiellement publiée avant plusieurs mois. Quoi qu’il en soit, experts et scientifiques parlent d’une « humanité à l'aube de retombées climatiques cataclysmiques », en proie aux pénuries d'eau, aux exodes et à la malnutrition, dans un monde où les espèces s'éteignent massivement… « Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre », martèle le Giec, qui ajoute que si « la vie sur Terre peut se remettre d'un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes », « l'humanité ne le peut pas ».
En réalité, rien de ce qui a été décidé au plan international n’est suffisant. Il aurait fallu beaucoup plus de courage et d’ambition. Nous avons évoqué dans l’article précédent : Climat, la santé humaine est en grand danger, les joyeusetés en cascades que nous réserve le réchauffement climatique à l’échelle planétaire. Et pour couronner le tout, on sait déjà qu’une majorité de pays n’ont pour ainsi dire rien fait depuis l’Accord de Paris signé en 2015 pour aller dans la bonne direction et atteindre les premiers objectifs, à savoir limiter le réchauffement de la planète à +2 °C en moyenne par rapport à l'ère préindustrielle, et de tendre si possible vers 1,5 °C. Et comme pour planter le clou encore plus profondément, le rapport souligne que : « Même à +1,5 °C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s'adapter. » Une opinion corroborée par Jean-Pierre Gattuso, océanographe directeur de recherche au CNRS : « se limiter à ce seuil « n'a jamais été suffisant. Il est le résultat d'un compromis, et du principe de réalisme. Bien sûr que même à +1,5 °C il y aura des dommages, c'est pourquoi l'accord de Paris comporte tout un volet adaptation aux changements qui sont inéluctables. »
Pour Greta Thunberg, leader de la mobilisation de la jeunesse contre le réchauffement climatique, ce rapport est une excellente chose. Elle espère qu'il va aider les gouvernants et les populations à ouvrir les yeux et prendre la pleine mesure des menaces qui pèsent sur l'humanité. "Nous ne pouvons pas faire face à cette crise sans dire les choses telles qu’elles sont, tant que nous ne sommes pas assez adultes pour dire la vérité et regarder la réalité en face" a t-elle déclaré.
Néanmoins, experts du GIEC et scientifiques, pour aussi déçus que toutes ces données aient fuité, souhaitent pondérer les résultats obtenus. Ils précisent que : «ce document provisoire n'a aucune valeur tant qu'il n'est pas approuvé par les auteurs et les 195 gouvernements du Giec. Évidemment, l'essentiel de ce qui est dit y restera, mais le rapport ne présente certainement pas les choses de manière aussi catastrophique, car on compare toujours au moins deux scénarios, un pessimiste et un compatible avec l'accord de Paris, de façon à montrer que, si on agit, on peut minimiser les risques. Là, nous n'avons qu'un extrait alarmiste de l'analyse sur les impacts et la vulnérabilité, une partie sortie de son contexte de façon artificielle, avec le risque que cela soit contreproductif, car un peu décourageant. »
Ce qui est assez désolant, en réalité, dans cette histoire, ce n’est pas tant les révélations du contenu d’un rapport qui, au fond, ne nous apprend rien de plus fondamentalement nouveau que nous ne sachions déjà, que l’inquiétante et dangereuse torpeur des nations ; une incapacité à agir vite et fort. Si les gouvernements s’entendent sur des petits compromis climatiques confortables, la nature, elle, ne fera aucun compromis avec nous. Elle n’aura que faire de l’économie, des plans de relance, des taux de croissance à deux chiffres et autre boom de la consommation. Elle n’accordera aucune soldes. Alors combien de fois experts et scientifiques devront-ils nous mettre en garde ? Combien de sommets internationaux et de COP quelque chose pour passer à la vitesse supérieure ?
Publié le 24/06/2021 17:41
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