Cela fait quelques temps maintenant que les nouvelles scientifiques que nous recevons en provenance des régions polaires ne sont pas vraiment bonnes. Le pôle nord peut être considéré comme le baromètre de l’état climatique de notre terre. Il donne des renseignements précieux sur la façon dont la hausse des températures mondiales affecte concrètement l’écosystème.
Les dernières données recueillies ne feront pas exception à la règle. Bien au contraire. Au lieu d’apporter une note d’espoir, elles viennent confirmer une tendance désormais lourdement ancrée et qui pourrait bien être pire que prévue.
C’est en tous cas ce qu’affirme le physicien atmosphérique et chef de l’expédition MOSAIC, Markus Rex, à la lueur des résultats obtenus à l’occasion de la plus grande mission scientifique dans la région polaire à ce jour. La banquise fond et elle fond de plus en plus vite dans des proportions préoccupantes. Ca nous le savions déjà depuis un moment. Ce que nous savions un peu moins en revanche, c’est qu’elle parvient de moins en moins à se reconstituer en raison de températures trop chaudes. Il devient, dès lors, très difficile de la protéger. Le champs de cette étude a été très vaste et a porté sur de nombreux domaines comme l'atmosphère, l'océan, la banquise et les écosystèmes entre autres afin d’évaluer de la manière la plus précise et rigoureuse possible le niveau de menace qui pèse sur nos têtes.
Sur la base des conclusions de cette étude internationale menée pendant une année en Arctique, Markus Rex, se pose une question très simple : est-il trop tard ? A cette question, il a répondu hier, mardi 15 juin 2021 lors d’une conférence de presse à Berlin et en présence de la ministre allemande de l'Education et de la Recherche, Anja Karliczek, : «Seule l'évaluation des prochaines années permettra de déterminer si nous pouvons encore sauver la banquise arctique présente toute l'année grâce à une protection cohérente du climat, ou si nous avons déjà franchi cet important point de basculement du système climatique». Employant un vocabulaire de guerre pour évoquer la possibilité que nous soyons allés trop loin et que nous avons franchi la ligne rouge depuis laquelle il ne nous sera plus possible de revenir en arrière, il déclare ceci : « La disparition de la banquise d'été dans l'Arctique est l'une des premières mines dans le champ de mines, l'un des points de basculement que nous déclenchons en premier lorsque nous poussons le réchauffement trop loin. On peut vraiment se demander si nous n'avons pas déjà marché sur cette mine et déjà déclenché le début de l'explosion». Pour poursuivre dans l’imagerie guerrière, comme toute déflagration d’envergure, les dégâts sont importants et franchir la limite ne fera qu’accélèrer le processus. Nous pourrions alors assister à la : « disparition de la calotte glaciaire du Groenland ou le dégel de zones toujours plus vastes du permafrost arctique». Markus Rex s’est également alarmé de l’état des anciens glaciers en ajoutant : «Aujourd'hui nous ne savons pas non plus si nous pouvons sauver la barrière de corail».
Autant de signes qui montrent que la sanction ne devrait plus tellement tarder à tomber et l’espoir d’un armistice s’éloigne à grands pas.
Publié le 16/06/2021 10:33
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