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450 ONG rejettent l'accord de libre-échange entre le Mercosur et l'Union Européenne

Mercosur | Publié le 22/03/2021 18:03

Comme nous avons l’occasion de le rappeler dans nos articles, la COP 26 se tiendra en novembre 2021 à Glasgow. Elle sera l’occasion de mesurer l’efficacité des engagements climatiques pris par les pays du monde depuis la dernière réunion à Paris en 2015 qui a donné lieu à l’Accord de Paris.

Un sujet brulant supplémentaire risque de s’inviter aux négociations. Il s’agit de l’accord UE-Mercosur. Très critiqué en ce moment et rejeté à ce jour par 450 ONG, cet accord a du plomb dans l’aile.

Il aura fallu vingt ans de négociations pour que l’accord UE-Mercosur voit le jour en 2019. Sur le papier, il englobe 780 millions de personnes et assure une zone de libre échange entre l’Union Européenne et un groupe de pays d’Amérique du Sud composant ce que l’on nomme le Mercosur : Argentine, Brésil, Uruguay et Venezuela. Le principe est de bannir les droits de douanes et d‘éliminer les barrières non tarifaires afin de faciliter et promouvoir les échanges commerciaux entre ces deux zones. D’un coté, l’Union Européenne souhaite exporter ses voitures ainsi que des produits du secteur de la chimie, de la pharmacie, de l’alimentaire, du textile et des cosmétiques. De l’autre coté, l’alliance Mercosur espère vendre à l'Europe de grandes quantités de viandes bovines, de volailles, de produits congelés et d’éthanol. Rappelons que l’élevage extensif de bovins au Brésil est au centre des critiques faites au gouvernement brésilien puisqu’il est la principale cause de la déforestation.

Le montant estimé de ces échanges commerciaux se situe autour de 45 milliards d’euros.

Bien qu'un accord de principe ait été trouvé le 28 juin 2019, les textes définitifs n'ont été ni finalisés, ni votés, ni ratifiés, et ne sont donc pas entrés en vigueur.

Cet accord n’est pas sans entrainer des interrogations et le rejet massif d’un très grand nombre d’associations, de corporations, d’agriculteurs et d’hommes politiques en Europe. En cause les zones d’ombre qui entourent l’accord en termes d’impacts climatiques et de concurrence commerciale.

Tout d’abord, l’accord arrive à un moment où l’Amérique du Sud est montrée du doigt pour sa gestion calamiteuse de la foret amazonienne. Le Brésil de Bolsonaro, en particulier, est accusé de contribuer à une déforestation à grande échelle. Et ce ne sont pas les récentes actualités montrant des incendies gigantesques qui vont assouplir les positions. Elles n’ont fait que susciter davantage d’indignation et discréditer, si cela est encore possible, la politique du gouvernement brésilien et en premier lieu, son dirigeant. Selon les ONG, un tel accord entrainerait toute cette zone géographique vers une situation encore plus périlleuse.  C’est en substance ce que rapporte le collectif Stop-Ceta Mercosur opposé au projet dans lequel figurent entre autres des associations que nous citons souvent dans notre journal : Attac, Greenpeace, Oxfam, Extinction Rebellion UK. « L’accord va aggraver la destruction et l’effondrement de la biodiversité de l’Amazonie, du Cerrado et du Gran Chaco en raison de la hausse des quotas d’importation de bétail et d’éthanol vers l’Europe, perpétuant un modèle agricole extractiviste fondé sur le sur-pâturage, l’expansion de l’élevage intensif avec des parcs d’engraissement pour le bétail, et des monocultures dépendantes des pesticides et produits chimiques »

En outre, le monde agricole des deux cotés de l’Atlantique regardent cet accord d’un très mauvais œil. Les interrogations et les craintes sont nombreuses. Les agricultrices et agriculteurs européens craignent une forte concurrence déloyale en raison de normes environnementales, sociales ou sanitaires sud américaines inégales. Selon le collectif, il est à craindre que le futur accord ne vienne « détruire les moyens de subsistance de très nombreux paysans et petites exploitations familiales en Europe et Amérique du Sud ».

De leur coté, les divers responsables politiques européens sont fort peu disposés à signer l’accord sous sa forme actuelle. Ils attendent des actes forts et concrets de la part des pays d’Amérique du Sud. « De simples engagements politiques  ne suffiront pas à ratifier l’accord mixte entre l’Union européenne et les pays du Mercosur », a déclaré Franck Riester le 2 mars, lors du Conseil commerce informel des affaires étrangères ; rajoutant exiger « des garanties tangibles et objectivables » des quatre pays concernés « sur l’environnement et les normes sanitaires », et non une simple déclaration. Le ministre est même allé jusqu’à envisager un « instrument technique et juridique européen permettant de vérifier que chaque importation n’a pas d’impact négatif sur la déforestation ». Sur la question sanitaire des produits importés, il a ré affirmé sa position sans équivoque : « il nous faut des moyens de vérifications. Nous voulons des garanties concrètes, tangibles, vérifiables, quantifiables ». 

Au final, force est de constater que flou et incertitude règnent autour de l’accord. Sans compter le peu de cas que certains gouvernements sud-américains font des questions climatiques ; leur préférant une expansion économique aveugle. Une chose est sure, il ne va dans le sens de ce qu’exigera la COP 26. Il reste donc quelques mois pour le peaufiner et démontrer sa pertinence écologique. S’il continue de ne pas cocher les cases environnementales et de développement durable de façon efficace et encadrée, les 450 ONG, qui sont vent debout depuis des mois, continueront d’exiger son abandon pur et simple.

Publié le 22/03/2021 18:03

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