Ce petit animal est un ours malais. Appelé encore ours des cocotiers ou bruan. Il est le plus petit représentant de la famille des Ursidés. Sa taille au garrot ne dépasse pas les 60 centimètres ! Il mesure 1,20 mètre de long. Le male pèse rarement plus de 90 kg et la femelle 50 kg.
Cet animal noctambule passe la grande majorité de son temps dans les arbres sur lesquels il construit ses nids avec des branches et des brindilles. Il y trouve également une partie de sa nourriture. Son territoire se répartit dans une dizaine de pays asiatiques (Inde, Bangladesh, Birmanie, Thailande, Malaisie, Vietnam, Cambodge et iles avoisantes). L’ours malais est un élément essentiel dans son écosysteme. Il participe activement au bon fonctionnement des fôrets tropicales. En effet, comme l’explique une étude : « Cet animal est une espèce clé. Comme l’ours malais raffole des fruits, il participe activement à la dispersion des graines, ce qui contribue à la survie des arbres de forêt. L’ours malais est également impliqué dans la régulation du nombre de parasites dans les forêts comme les termites. Lorsqu’il cherche des fourmis ou des abeilles, l’ours crée de nouvelles cavités dans les arbres avec ses griffes particulièrement acérées. En faisant cela, l’animal est indirectement à l’origine de la création d’espaces de vie pour des espèces comme le calao, l’écureuil volant et d’autres petits êtres vivant dans les arbres. En creusant dans les litières de feuilles à la recherche de nourriture, l’ours malais laisse des restes pour les pilleurs comme le faisan ou la perdrix, ce qui permet d’assurer le maintien du cycle des nutriments dans les forêts. »
Moins célèbre que son cousin des glaces, l’ours polaire, ils ont malheureusement en commun de partager la même trajectoire funeste. Quand l’un dérive dramatiquement sur un morceau de banquise parce le climat se réchauffe, l’autre disparait à cause de sa bile et de la perte de son habitat utile à la fabrication de l’huile de palme.
L’ours a toujours dû faire face à des menaces. Au XXe siècle, la chasse et le braconnage ont failli le décimer. Et même si la chasse a très largement diminué, il continue d’être braconné pour alimenter le commerce illégal des espèces et le trafic d’organes. Exemple aussi éloquent qu’affligeant, la médecine asiatique traditionnelle, en particulier chinoise, est friande de la vésicule biliaire de l’ours pour fabriquer des remèdes contre les maux de tête, les ulcères, les hemorroides, l’épilepsie entre autres. La liste est longue. Qu’on se le dise, la bile d’ours fait des miracles, et ca ne date pas d’hier. Ca remonte à l’an 659 ! De nos jours encore, ce trafic persiste. Pourtant, les scientifiques ont mis au point une bile synthétique équivalente. Mais rien n’y fait. Pour rajouter à l’horreur, depuis des décennies, des milliers d’ours sont arrachés à leur milieu naturel pour constituer des élevages à des fins commerciales. Leurs conditions de détention sont innommables ; stockés dans des cages bien trop petites, leurs crocs et leurs griffes sont brisés et coupés, et ils souffrent en permanence à cause des cathéters servant à extraire la bile. Des lois ont été votées pour mettre fin à ces élevages mais elles sont bafouées. Les élevages existent toujours dans la clandestinité. En 2015, l’ ONG Traffic, qui œuvre à lutter contre le commerce d’animaux sauvages et de plantes, a rapporté que de près de 60 % des vésicules biliaires sur le marché, écoulées dans la majorité des boutiques de médecine traditionnelle, provenaient toujours d’ours malais.
Autre danger pour l’ours : la déforestation. La Birmanie et la Thaïlande, mais plus largement l’Asie du Sud-Est, déboisent à grande échelle et détruisent son habitat. Des millions d’hectares de forêt sont partis en fumée, causant par la même occasion, des dommages bien plus larges à tout l’écosystème local. Le développement économique exige toujours plus de terres agricoles. A ce rythme, l’huile de Palme et le soja auront rapidement la peau de l’ours. Sa population se réduit de façon dramatique. C’est la raison pour laquelle l’ours des cocotiers a été inscrit aux annexes de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction ou Convention de Washington). En 2008, il a également été classé dans la catégorie des espèces vulnérables par IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature).
Comme dans de nombreux domaines , fort heureusement, des solutions existent. Elles ne sont pas nombreuses mais elles ont simples et efficaces. Du moins en théorie. Encore faut il vouloir les appliquer. Commençons par changer nos habitudes de consommation. Nous devons refuser tous les produits qui contiennent de l’huile palme. C’est l’unique moyen de stopper le déforestation destinée à sa fabrication. Chaque achat d’un produit en contenant, aussi infime soit sa proportion, est un crime. Il faut le comprendre. Prenons 2 minutes pour lire la composition de ce que nous achetons. Des produits de substitution ne manquent pas dans nos sociétés gavées de nourriture.
Il y a, ensuite, un travail gigantesque de communication et de sensibilsation auprès des populations locales, pour lutter contre des siècles de tradition et de culture afin d’amener chaque habitant à refuser de contribuer à ce trafic indigne.
Finalement, on peut compter sur le travail fantastique effectué chaque jour sur le terrain par les ONG mais également certaines autorités locales. La tâche est ardue mais pas désespérée même si ce petit ours demeure en très mauvaise posture et que son avenir reste aussi sombre que son beau pelage.
Merci aux ONG :
TRAFFIC (Trade Records Analysis of Flora and Fauna)
BSBCC (Bornean Sun Bear Conservation Center)
WWF For Nature
Sans oublier, les nombreux chercheurs et universitaires.
Publié le 06/03/2021 09:54
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