Souvenons nous de la COP 21 à Paris en 2015, de son clap de fin sur une belle photo de participants tout sourire, heureux du travail accompli et satisfaits du résultat. Les nations découvraient, alors, leurs dirigeants unis comme un seul homme et poings levés symbolisant leur détermination à lutter contre le réchauffement climatique au sein de l’Accord de Paris. Cinq ans plus tard et alors que se profile la COP 26 qui se tiendra à Glasgow en fin d’année, que reste t-il de tous les engagements et de toutes les promesses ? Ou en sommes nous ? Les résultats des pays signataires sont-ils à la hauteur des menaces qui nous guettent et des espoirs qu’ils ont suscités à travers le monde ?
Malheureusement non. Et loin s’en faut.
L’Accord prévoyait que, le 31 décembre 2020, les pays signataires devaient rendre leur « NDC », autrement appelé leur contribution déterminée au niveau national. Rappelons que l’accord prévoyait un engagement à limiter le réchauffement à +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible à +1,5 °C.
Finalement, les résultats obtenus à ce jour sont extrêmement décevants et bien éloignés des objectifs fixés. 75 pays (dont les membres de l’UE) ont fait connaitre leurs résultats, ce qui représente à peine 30 % des émissions mondiales. Et plus grave encore, cela équivaut à moins de 1 % de baisse des émissions d’ici à 2030 en comparaison avec 2010. Quand on sait que les experts climat de l’ONU ont préconisé 45 % pour pouvoir rester sous les 1,5 °C indispensables, on comprend pourquoi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’emporte et tire la sonnette d’alarme.
Il a exhorté tous les pays membres à redoubler d’efforts pour mettre en pratique ce qui a été décidé. Et ce sans tarder. Il s’agit selon lui d’une urgence planétaire et d’insister plus particulièrement auprès des pays les plus gros pollueurs comme la Chine et les Etats Unis. S’agissant précisément de ces deux nations, Il faut, bien sur, se féliciter de l’attitude des dirigeants chinois qui se sont engagés à la neutralité carbone d’ici 2060, même si on aurait bien voulu des résultats plus rapides. On peut également se réjouir du retour des Etats Unis dans l’accord. Joe Biden a tenu une de ses promesses de campagne en rendant à l'Amérique le rôle essentiel que Donal Trump lui a fait perdre pendant quatre ans. Quand Trump misait tout sur l’énergie fossile et les industries pour restaurer la puissance économique de son pays, Biden, quant à lui, parie sur la transition écologique pour accompagner une économie américaine fondée sur l’innovation.
Cependant, un collège de bonnes volontés et des déclarations de bonnes intentions ne suffiront pas à nous tirer d’affaires. C’est en substance ce que Antonio Guterres déclarait : « En 2021, ça passe ou ça casse pour l’urgence climatique mondiale. La science est claire, pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C, nous devons réduire les émissions de 45 % d’ici à 2030 par rapport à 2010. »
On peut, d’ailleurs, s’étonner de la lenteur d’une grande majorité de nations à décider des mesures qui s’imposent et à prendre l’urgence du moment au sérieux. Certes, certains pays font mieux que d’autres, à l’image du Royaume Uni, de l’Argentine et de quelques pays de l’UE, mais au total, on est très loin du compte. Lors d’une conférence de presse, Patricia Espinosa, responsable climat de l’ONU s’est montrée agacée et n’a pu s’empêcher de rappeler le nombre inquiétant des mauvais élèves à leurs responsabilités : « C’est incroyable de penser qu’alors que les nations font face à une urgence qui pourrait à terme éradiquer la vie humaine sur cette planète, et que malgré toutes les études, tous les rapports et les mises en garde des scientifiques du monde entier, de nombreux pays s’en tiennent à leur approche de statu quo".
Tout ca est d’autant plus alarmant que les années écoulées ont été les témoins d’un nombre grandissant de phénomènes climatiques extrêmes ; les canicules ont suivi les tempêtes et les sècheresses ont succédé aux inondations. Accentuant par la même la fragilité des nations les plus précaires.
A cela s’ajoute la pandémie mondiale due au Covid 19. Beaucoup de pays ont avancé l’argument du virus pour expliquer le retard pris à respecter leurs engagements. Cela peut se concevoir dans une certaine mesure mais ne saurait être une raison valable et suffisante pour stopper l’unique machine qui sauvera l’humanité. « L’urgence climatique ne s’est pas arrêtée pour la pandémie et elle ne va pas disparaître parce qu’il y a une autre urgence », a insiste Patricia Espinosa.
Espérons, à présent, que la COP 26 s’achèvera, également, sur une belle photo et que les sourires de satisfaction laisseront place aux actions concrètes, rapides et quantifiables. Il en va de notre survie à tous.
Publié le 27/02/2021 11:36
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