Pour être parfaitement honnête, peut être allez-vous apprendre comme nous que l’Afrique du Sud élève, depuis des années, des lions en captivité pour, d’abord, être caressés par les touristes lorsqu’ils sont petits puis pour être, ensuite, livrés en pâture aux chasseurs lorsqu’ils sont adultes.
Et bien oui, ca existe. Il aura fallu attendre le 2 mai 2021 pour que cette pratique fasse l'objet d'une loi. C’est ce que vient d’annoncer la ministre sud-africaine de l’environnement, Barbara Creecy. En effet, elle a rapporté les recommandations d’une commission chargée par le gouvernement de se pencher sur les règles gouvernant et encadrant la chasse, le commerce et la captivité des lions, éléphants, rhinocéros et léopards. «Nous devons cesser et faire marche arrière sur la domestication et l'élevage en captivité des lions. Nous ne voulons plus d'élevage en captivité, de chasse (d'animaux élevés) en captivité, de câlinerie (de lionceaux) en captivité, d'utilisation de lions en captivité », rajoutant que la commission demandait que la mesure soit «prise immédiatement pour faire cesser les interactions entre les touristes et les lions en captivité».
Que nous vaut ce brusque changement, cette soudaine volonté de faire vite ? . Certainement pas un élan de bonne conscience ou un souci du bien être animal. L’activité est bien trop lucrative aussi bien pour les éleveurs que pour le secteur du tourisme. Plus vraisemblablement la pression internationale et celle des différentes ONG protectrices des animaux. En effet, de nombreux pays à travers le monde se sont insurgés de ces pratiques de chasses d’animaux élevés en cage ainsi que l’importation des trophées de lions. D’après les associations, entre 8 000 et 12 000 lions seraient ainsi élevés en cage dans près de 350 fermes en Afrique du Sud. Ils sont destinés exclusivement à la chasse en enclos, au commerce des os, au tourisme et aux recherches scientifiques. L’ONG Endengerd Wildlife rappelle, quant à elle, que seulement 3 500 lions vivent actuellement à l’état sauvage dans le pays.
Point Géo :
Afrique du Sud
Capitale : Pretoria
Population : 58,56 millions d’habitants.
Superficie : 1,221 km²
Monnaie : Rand sud-africain
Frontières communes : Namibie, Botswana, Swaziland, Eswatini, Lesotho, Mozambique, Zimbabwe.
Toutefois, La ministre a tenu à souligner que : «L'intention ici est de nous assurer que les touristes intéressés par la chasse authentique aux animaux sauvages ne vont pas chasser des animaux qui ont été sortis d'une cage». Par conséquent, afin de préserver son authenticité, l’Afrique du Sud rassure en rappelant que la décision du 2 mai ne concerne pas la chasse légale. Elle a précisé : «La chasse légale et encadrée d'espèces emblématiques permise par le cadre réglementaire continuera d'être autorisée».
Nous voila donc rassurés. En termes choisis et non ceux qui viennent spontanément du cœur et des tripes, on va dire que le touriste et son gros fusil vont pouvoir continuer à tuer en toute légalité.
Mais ca n’est pas tout. La commission a également recommandé la suppression progressive de l’élevage en captivité des rhinocéros. Elle a demandé d’étudier les options sur la future utilisation des stocks de cornes de rhinocéros. Commerce qui fait, pourtant, l’objet d’un moratoire depuis 1977.
On trouve en Afrique du Sud 80% de la population mondiale des rhinocéros et plus de 300 éleveurs de rhinocéros. Et tout comme l’éléphant, le rhinocéros est en grand danger. En effet, sa corne est très prisée en Asie pour ses soi-disantes vertus thérapeutiques.
Mais l’Afrique du Sud ne détient pas le monopole de la chasse récréative. Loin s’en faut. On la retrouve dans bon nombre de pays. En France par exemple, Madline Reynaud, directrice de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), estimait, il y a quelques temps, que la pratique est banale : « Toutes les associations de chasse ont recourt aux lâchers. Les chasseurs ne veulent pas arriver le jour d’ouverture de la chasse et ne rien avoir à tirer ». Des millions d’animaux sont élevés en cage chaque année avant d’être relâchés dans la nature au profit des chasseurs. Elle rajoute : »C’est un marché qui se porte bien : l’élevage d’oiseaux au profit des chasseurs rencontre un franc succès. Quelques jours voire heures avant leurs « parties de chasse », des professionnels relâchent ces animaux dans la nature afin d’être certains que les chasseurs concernés ne puissent pas rentrer les mains vides. »
Même s’il faut se réjouir de la décision d’hier du gouvernement de l’Afrique du Sud, donnant un peu de répis aux animaux, on ne peut quand même pas s’empécher de ressentir un profond sentiment de malaise et de se dire que tout ca est aussi écœurant que révoltant.
Publié le 03/05/2021 12:07
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