Ce que les industries minières, pétrolières et gazières peuvent apprendre de Sudbury, la ville qui est passée de l’état de grand pollueur à celui de modèle d’un environnement prospère
Lorsque le premier ministre Justin Trudeau a rencontré la militante écologiste suédoise Greta Thunberg à Montréal il y a deux ans, il a promis de planter deux milliards d’arbres d’ici 2030 pour aider le Canada à atteindre son objectif de zéro émission nette. Mais planter des arbres est un travail difficile. Il faut de l’argent et une très bonne organisation. Pourtant, établir une feuille de route de re-verdissement est possible. Sudbury, la plus grande ville du Nord de l’Ontario, en est la preuve. Elle a opéré une transformation radicale après des décennies de dévastation environnementale provoquée par l’industrie minière. Des efforts qui pourraient servir d’exemple aux industries comme le pétrole et le gaz, afin de lutter plus efficacement contre le changement climatique.
Pendant près de 100 ans, la collectivité et l’environnement de Sudbury ont été recouverts de dioxyde de soufre et de métaux libérés par la fusion du minerai de nickel laissant une nature et un environnement dévastés. Le soufre acidifiait les sols, la pluie et les lacs. La pollution a déclenché la perte complète de la végétation, entrainant la multiplication de collines stériles de roche noircie. C’était un paysage de désolation
Mais il y a 40 ans, les scientifiques, les citoyens, les gouvernements et les sociétés minières de Sudbury se sont fixés pour objectif que, peu importe à quel point l’environnement était endommagé, cela valait la peine d’essayer de le réparer. Depuis, des programmes menés par la ville et l’industrie locale ont planté 12 millions d’arbres et revitalisé plus de 3 400 hectares de terres. Les gens nagent et pêchent maintenant dans les 330 lacs qui se trouvent dans les limites de la ville et qui étaient autrefois très acides.
Aujourd’hui, Sudbury a l’air le plus pur de tout l’Ontario. C’est difficile à croire étant donné que la ville a déjà émis 2,5 millions de tonnes de dioxyde de soufre par an. Dans les années 1980, « Sudbury » s’est fait connaître par son niveau de pollution très élevé.. Au point même de devenir une sorte d’unité de mesure, et de comparaison pour les autres villes industrielles. Aujourd’hui, c’est l’inverse. La ville a gagné de nouvelles lettres de noblesse : celles de la qualité de l’air retrouvée. Preuve qu’il est toujours possible de rendre un environnement plus sain que quand nous en avons hérité. Preuve également, qu’à une échelle bien plus large, nous pouvons améliorer notre climat.
Face aux réalités du changement climatique, de la pollution industrielle et de l’expansion urbaine, les histoires de sauvegarde et de restauration de l’environnement sont rares. Mais un environnement sain ne doit pas se faire au détriment de l’activité industrielle. Alors que les scientifiques développaient des solutions pour restaurer la terre et l’eau, l’industrie a repensé ses processus pour réduire et capturer ses émissions. Les sociétés minières de Sudbury, Inco et Falconbridge (maintenant Vale et Glencore) ont ouvert la voie en réduisant les rejets de dioxyde de soufre de leur fonderie. La production de nickel a continué de croître malgré des limites de pollution plus strictes. La situation à Sudbury a joué un rôle central dans les négociations entre le Canada et les États-Unis qui ont mené à la signature de l’Accord sur la qualité de l’air entre les États-Unis et le Canada en 1991. L’accord, également connu sous le nom d’accord sur les pluies acides, a contribué à résoudre les plus grands problèmes environnementaux de l’époque.
Sans une politique forte en Amérique du Nord et en Europe, les pluies acides auraient continué de menacer les forêts et les pêches au Canada et aux États-Unis.
Aujourd’hui, 30 ans plus tard, nous pouvons utiliser la même approche avec des réglementations strictes sur les émissions, des preuves et des solutions scientifiques, et une réorientation industrielle pour capturer les émissions de dioxyde de carbone et faire les progrès majeurs nécessaires pour atteindre les objectifs en matière de changement climatique.
Toutefois, la ville Sudbury n’a pas résolu tous ses problèmes. elle porte encore un héritage de millions de tonnes de déchets miniers réactifs, qui peuvent libérer des acides et des métaux susceptibles de contaminer les réseaux trophiques et l’eau potable. Ceux-ci doivent être gérés par l’industrie pour éviter d’avoir un impact sur l’environnement et les communautés environnantes. Vale et Glencore travaillent de nouveau avec des scientifiques pour mettre au point de nouvelles façons de traiter, de recouvrir et de restaurer ces vastes bassins de résidus. Ils cherchent des moyens de transformer ces terres en zones de captage du carbone, de cultiver des biocarburants ou d’utiliser la terre pour des installations d’énergie renouvelable.
Dans certains cas, ces déchets contiennent encore de faibles niveaux de métaux qui n’ont pas pu être extraits dans la fonderie. Mais nous avons maintenant les moyens de capturer ces métaux grâce à des technologies à faible consommation d’énergie ou en utilisant des bactéries pour extraire des métaux des minéraux. La demande mondiale de métaux critiques comme le nickel, le cobalt et le cuivre augmente pour soutenir la production de véhicules électriques. Au cours des 25 prochaines années, le monde aura besoin d’autant de cuivre que celui qui a été extrait au cours des 500 dernières années, selon Rio Tinto, l’une des plus grandes sociétés métallurgiques et minières au monde. Une partie de cette demande peut être satisfaite en utilisant des déchets. Nous ne pouvons pas atteindre les objectifs en matière de changement climatique sans nous éloigner des combustibles fossiles, mais nous ne pouvons pas produire des technologies d’énergie renouvelable comme les batteries et les panneaux solaires sans extraire les minéraux utilisés pour les fabriquer. Nous ne pouvons pas laisser un ensemble de problèmes environnementaux en remplacer un autre. Mais nous n’avons pas à le faire, et l’histoire de Sudbury montre la voie. La communauté, le gouvernement, le milieu universitaire et l’industrie peuvent travailler ensemble pour faire face à un défi de taille comme le changement climatique. Nous devons nous concentrer sur les solutions scientifiques et nous éloigner des anciennes façons de faire les choses parce que « c’est comme ça que ça a toujours été fait ».
L’exploitation minière à zéro émission nette et zéro déchet est possible – et nécessaire. Ils font en fin de compte partie d’un avenir énergétique durable. Au moment où commence la décennie sur la restauration des écosystèmes prônée par les Nations Unies, le modèle de Sudbury est une recette précieuse à appliquer aux bouleversements climatiques. Là où nous sacrifiions autrefois l’environnement au nom de l’expansion industrielle, nous devons maintenant passer à des processus industriels plus intelligents pour protéger l’environnement, nous sevrer des combustibles fossiles et construire une communauté mondiale plus résiliente face au changement climatique.
Sources : Mirarco
Depuis plus de 20 ans, MIRARCO est un leader dans le développement et le déploiement de solutions innovantes répondant aux besoins de l’industrie minière. La société basée en Ontario au Canada collabore avec l’industrie, le secteur privé, le gouvernement, le milieu universitaire et les intervenants communautaires ; un atout essentiel pour assurer un transfert efficace des connaissances, de la technologie et des pratiques durables.
Publié le 30/08/2021 16:04
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