La loi climat accompagne le secteur des poids lourds dans sa transition écologique.
En effet, 2040 va marquer la fin de la commercialisation des camions, bus et autocars utilisant des énergies fossiles. C’est en tout cas l’objectif que s’est fixée l’Assemblée Nationale lors de son vote de vendredi dernier. L’amendement a été voté à l’unanimité en première lecture par les députés dans le cadre de l’examen de la loi climat.
Au fil des ans, les moteurs des poids lourds ont souvent évolué. Les normes se sont succédées jusqu’à la derniere en date - la norme Euro 6 - dans le but de dimininuer leur consommation et les emissions de gaz à effet de serre. C’est dire que tous les acteurs de la mobilité en véhicules lourds sont sensibilisés depuis longtemps déjà au problème de la pollution.
Avec le vote de l’amendement, les députés ont décidé d’aller plus loin et d’accélérer le pas en fixant un cap et une date limite. 2040 est l'échéance retenue. Elle marquera une harmonisation entre les poids lourds neufs et les voitures des particuliers afin de faire « rentrer la France dans une dynamique de décarbonation des véhicules lourds » comme l’expliquait un député.
Les députés ont affiché la ferme intention d’amener le secteur à se tourner vers des sources d’énergies propres comme l’electrique, l’hydrogène ou le biogaz. Beaucoup de bus de ville roulent déjà dans nos rues à l’électrique ou au bio gaz mais l’ambition de la loi est de donner un horizon aux constructeurs afin de se détourner des moteurs thermiques pour proposer désormais de vastes gammes de moteurs propres.
Cela bien sûr ne va pas sans poser le problème des coûts ; les coûts industriels de production mais également des coûts d’achat des véhicules. En effet, les entreprises de transport sont règuliérement obligées de modifier leurs flottes afin d’acquerir les véhicules équipés aux dernières normes. Les prix d’achat sont toujours plus élevés et les investisssments consentis très lourds. Pour offrir des alternatives, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a déjà promis «d'accélérer les aides» pour le renouvellement de la flotte en électrique et hydrogène, 50.000 euros pour les camions et 30.000 euros pour les bus et les cars. Même si les montants ne sont pas énormes quand on connait le coût du matériel roulant, l’incitation a le mérite d’exister. Ne reste plus maintenant qu’ à mettre l’offre en face.
S’agissant précisément de la production de véhicules propres, l’on peut s’interroger sur la capacité des constructeurs à respecter l’échéance. Comme le soulignent certains députés, unanimes « à aller très vite » , « mais à quelle échéance serons-nous capables de massifier la production de poids lourds hydrogène ou biogaz à des prix raisonnables?».
Autre exemple illustrant parfaitement la mutation du secteur, le constructeur Volvo Group s’est, d'ores et déjà, attaqué au probleme. En effet, Claes Eliasson, porte parole de Volvo Group a déclaré vendredi dernier , nous sommes « engagés à respecter l'accord de Paris sur le climat et à décarboner les transports. Une partie de cette transformation consiste à commencer à remplacer les matériaux de nos véhicules par des alternatives non fossiles»
Dans l’ensemble des matériaux entrant dans la fabrication de véhicules lourds, l’acier est celui qui pose le plus de problème en terme de pollution et qui représente l’enjeu climatique le plus significatif. Comme le rappelle l’Agence internationale de l’énergie (AIE) : « le secteur du fer et de l'acier est le premier en termes d'émissions de CO2 parmi les industries lourdes. Avec 2,6 milliards de tonnes d'émissions directes de dioxyde de carbone par an, cela représente 7% du total mondial des émissions liées à l'énergie - et plus que les émissions de tout le fret routier. »
Voila pourquoi, il était urgent de s’attaquer à ce problème à un moment où l’ensemble du secteur du transport lourd entame une refonte.
Volvo Group s’est, donc, montré précurseur en signant un accord avec son compatriote, le sidérurgiste SSAB. Cette société a trouvé le moyen de produire de l'acier neuf sans charbon et sans énergies fossiles. Utilisant notamment de l'hydrogène «vert», SSAB est le premier fabricant à proposer de l'acier sans énergie fossile. Pour ce faire, il s’est allié au groupe minier public suédois LKAB et de l'énergéticien Vattenfall. Ensemble, ils ont mis au point le projet « Hybrit » pour une production d’acier sans émissions de CO² .
Grace à ce rapprochement, le constructeur suédois entend lancer, dès cette année, les premiers prototypes munis de l'acier de SSAB avant peut-être une production en série à «petite échelle» en 2022. En effet, comme le souligne Claes Eliasson : »La production de masse ne sera pas réalisée avant plusieurs années, selon les quantités que les fournisseurs d'acier tels que SSAB pourront fournir».
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle pourrait bien être la plus prometteuse que le secteur du transport en véhicules lourds a connu depuis longtemps. Nul doute que les autres constructeurs vont examiner cette petite révolution de très près et certainement emboiter le pas.
Publié le 12/04/2021 07:00
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