Face à la recrudescence des échouages de cétacés sur le littoral atlantique de part et d’autre des Pyrénées, la France, le Portugal et l’Espagne s’unissent autour d’un programme européen. Baptisé Cetambicion, le projet vise à mieux encadrer les pratiques de pêche, mener des travaux d’études scientifiques afin d’évaluer l’état de santé de l’écosystème marin, faire des propositions servant à mieux protéger les mammifères marins et assurer l’interface avec les acteurs de la pèche.
Annick Girardin, Ministre de la Mer depuis 2020, et Luis Planas Puchades, Ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation d’Espagne seront en charge de piloter ce programme. Ils travailleront en collaboration avec leur homologue portugais ainsi que les organismes publics de recherches et de conservation, des professionnels et des ONG.
Financé par l'Union européenne depuis 2020 et prévu de durer jusqu’à la fin de 2022, le programme Cetambicion a pour objectif d’identifier les causes des multiples échouages et d’apporter les mesures correctives. La création d’un tel programme était hautement nécessaire car la situation s’aggrave comme le fait remarquer Willy Dabin, ingénieur à l’observatoire Pélagis : « Quelques 400 dauphins morts de captures accidentelles depuis le 1er janvier sur environ 500 signalements d’échouage, c’est autant, en moins de deux mois, que lors des plus petites années de chiffrage, qui existe depuis les années 1980 ».
Des premières études, il ressort que la pêche industrielle et les captures accidentelles posent un réel problème. La grande majorité des cétacés échoués portaient des marques de capture. C’est pourquoi, face à l’indignation et aux plaintes des diverses ONG, les pouvoirs publics ont proposé des solutions afin d’y remédier. Tout d’abord, les bateaux de pêche ont obligation depuis le début de l’année 2021 d’être équipés de « pingers ». Ce sont des répulsifs sonores à animaux marins. Ensuite, les pêcheurs sont tenus, depuis janvier 2019, de déclarer toute capture accidentelle.
Toutefois, l’efficacité des mesures n’est guère flagrante et il apparait surtout que les directives ne sont pas suivies des faits. L’association Sea Shepherd a rapporté qu’en 2019 moins de dix déclarations auraient été enregistrées « pour plus de 10 000 captures estimées par les scientifiques, soit 0,001 % de captures déclarées » L’association n’accorde, d’ailleurs, pas davantage de crédit aux répulsifs sonores.
Au final, si ce programme est le bienvenue, la tâche ne sera pas aisée pour le Ministre Annick Girardin et ses homologues. Tout l’enjeu sera de trouver un terrain commun efficace et productif entre d’un coté les pêcheurs accusés de détruire et de l’autre, les ONG et associations protectrices des biodiversités. Si Cetambicion ne devient pas rapidement une force de proposition satisfaisante, il risque fort de cristalliser les colères dans chacun des camps.
Publié le 02/04/2021 19:45
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