L’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte se sont retrouvés autour de la table des négociations concernant un projet qui cristallise les tensions.
En 2013, l’Ethiopie a démarré son projet de construction d’un barrage appelé le grand barrage du Nil (GERD). Localisé en amont du fleuve, il doit devenir à terme le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique avec une puissance installée de 6 500 MW.
Ce projet, qui n’a jamais réellement emporté l’adhésion des voisins soudanais et égyptiens, continue d’alimenter les inquiétudes, surtout depuis juillet 2020 lorsque l’Ethiopie a entamé le remplissage du barrage.
Alors que la saison des premières pluies approche, la tension monte d’un cran et les menaces se font plus pressantes. En effet, l’Ethiopie entend profiter de cette saison pour accélérer la mise en eau du barrage. De leurs côtés, l’Egypte et le Soudan sont inquiets des répercussions que pourrait avoir cette privation d’eau sur leurs économies. . Lundi 30 mars, le président Abdel Fattah al-Sissi a prévenu que «personne ne peut se permettre de prendre une goutte d’eau de l’Égypte, sinon la région connaîtra une instabilité inimaginable».
Coté soudanais, la réaction est au diapason. Le pays, qui affirme n’écarter aucune option pour défendre ses intérêts, s’est fait l’écho de l’Egypte en la personne de sa ministre des affaires étrangères, Mariam Al Mansoura Elsadig Almahdi, qui a déclaré «l’Ethiopie menace les peuples du bassin du Nil, et le Soudan directement. Sans nouveau programme, l’Ethiopie a un boulevard devant elle pour mettre les peuples de la région et tout le continent africain en danger imminent.
Mardi dernier, à l’initiative de Felix Tshisekedi, chef de l’état congolais et président en exercice de l’Union Africaine, une nouvelle réunion a été organisée à Kinshasa avec les trois protagonistes dans le but de dénouer la situation et de trouver une issue satisfaisante pour tous. Mais une fois de plus, les négociations n’ont pas abouti et chacun a campé sur ses positions. L’Ethiopie va poursuivre le remplissage de son barrage comme on peut en juger par les déclarations du Ministre éthiopien de l’eau, Seleshi Bekele, lors d’une conférence de presse : « A mesure que la construction avance, le remplissage a lieu. Nous n’y renonçons en rien ».
Egyptiens et Soudanais ont, quant à eux, réitéré leurs menaces de représailles. Reprochant à l’Ethiopie de n’avoir pas établi un accord tripartite, dés le départ, sur le fonctionnement du barrage avant que le remplissage ne commence, ils s’inquiètent aujourd’hui de voir leur approvisionnement en eau menacé. En effet, l’Egypte tire du Nil ses besoins en eau pour plus de 90 % ce qui amène le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a de nouveau hausser le ton : « Je dis à nos frères éthiopiens : ne touchez pas à une goutte de l’eau de l’Egypte parce que toutes les options sont ouvertes ». Le Soudan, quant à lui, craint que ses propres barrages ne soient endommagés si l’Ethiopie procède au remplissage complet du GERD avant qu’un accord ne soit conclu.
C’est donc dans un contexte de profond désaccord que les trois pays se sont quittés. Espérons qu’ils retrouvent rapidement la voie de la diplomatie afin d’apaiser une situation déjà bien instable.
Publié le 10/04/2021 07:00
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