La Taïga pourrait devenir le support d’un nouveau marché financier. En effet, Moscou envisage de monétiser le carbone absorbé en Extrême Orient par ses forêts. La Taïga s'étend en Eurasie, sur 6.000 km d'est en ouest, depuis la Sibérie orientale jusqu'à la Scandinavie, en passant par le nord de la Russie. Ce gigantesque puit de carbone qui représente 20 % des forêts à l’échelle mondiale, est capable d’absorber 2/5eme des émissions de gaz à effet de serre rejetées par la Russie.
L’idée de Wladimir Poutine est de mettre en place un marché en ligne à destination des entreprises désireuses de compenser leur empreinte carbone. Pour cela, le gouvernement russe va utiliser des drones et des satellites dans le but de collecter un maximum de données qui seront ensuite intégrées à une plateforme numérique afin de déterminer la capacité des 640 milliards d’arbre à absorber le CO².
Le principe de cette monétisation est simple. Une entreprise loue une parcelle de foret à l’Etat, s’engage à la protéger et à y faire de nouvelles plantations. En contrepartie, la même société se voit accordée un crédit carbone par l’Etat si les résultats sont vérifiables et tangibles. Une manne non négligeable pour les entreprises qui sont facturées 40 euros la tonne de carbone au cours actuel du marché.
Toutefois, si le gouvernement russe veut mener ce projet à terme, il devra engager des investissements très lourds. La Taïga est mal entretenue et dans un mauvais état. Une situation qui pourrait s’aggraver en raison des violents incendies qui sévissent l’été dans cette région. Sans une gestion durable et active des forêts, le gouvernement russe aura bien du mal à vendre ce projet aux entreprises russes.
L’enjeu est de taille pour le Kremlin qui espère pouvoir annoncer, le 1er novembre prochain, une décision de mise en pratique de cette initiative grâce à de bons résultats des analyses en cours. Au-delà des frontières de la Russie, il s’agit d’une démarche politique et stratégique de la part du chef du Kremlin qui voit, également, dans la promotion de cette bio économie une façon de soigner son image à l’étranger dans un contexte de neutralité carbone fixée à 2050 par la communauté internationale.
Publié le 24/03/2021 10:52
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