Comme nous l’expliquions dans notre article du 15 mai dernier, l’Arctique est une région des plus convoitées.
Alors que le chef de la diplomatie des Etats Unis, Anthony Blinken, est en visite pour la semaine dans cette région du globe, appelant de ses vœux une coopération renforcée entre le Groenland et son pays, Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires Etrangères, bombe le torse et envoie un message on ne peut plus clair. S’agissant de l’Arctique, il vient de déclarer : « ce sont nos terres et nos eaux […] il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire ». Message à peine voilé à destination des Etats Unis et de ses alliés, membres de l’Otan. Il semblerait que Moscou n’apprécie pas du tout les ambitions et les incursions répétées de l’Occident. Et le Kremlin entend bien rappeler au monde que l’Arctique est la chasse gardée de la Russie.
La Russie, les Etats-Unis, le Canada, le Danemark, la Suède, la Finlande, la Norvège et l'Islande vont se retrouver lors du Conseil de l’Arctique à Reykjavik. Pour rappel, ces huit pays sont les membres signataires de ce forum qui fut crée en 1996. Son objectif est d’amener les huit états ainsi que les différentes communautés autochtones et les autres habitants de l'Arctique à coordonner leurs efforts afin de promouvoir le développement durable ainsi que de protéger l’environnement dans l’Arctique.
Cependant, les échanges risquent d’être un peu tendus. En effet, l’Arctique est une région hautement stratégique pour la Russie à plus d’un titre. Son sol contient d’immenses richesses naturelles qui sont vitales pour un pays qui vit essentiellement de l’exploitation des hydrocarbures. Par ailleurs, le réchauffement climatique indéniable qui s’opère dans la zone a des conséquences géopolitiques. La fonte des glaces ouvrent de nouvelles voies maritimes et offres des perspectives commerciales de trés grande ampleur. Du coup, cela exacerbe les rapports de forces et les équilibres deviennent précaires
C’est ce que l’on peut observer depuis quelques mois. En effet, les tensions entre Washington et Moscou sont palpables et croissantes. Chaque pays a mené des manœuvres militaires de façons répétées dans cette zone. D’un coté, la Russie qui à rouvert et modernisé plusieurs bases et aérodromes abandonnés depuis la fin de l'époque soviétique, qui a déployé ses systèmes de défense anti-aérienne dernier cri S-400, procédé à des simulations de destructions d'avion, des ravitaillements en vol et des neutralisation d'attaque de drones. Et d’un autre côté, les Etats-Unis ont, eux, envoyé en février des bombardiers stratégiques s'entraîner en Norvège et déployé l'année dernière des navires en mer de Barents, dans la zone économique exclusive de la Russie, suscitant les protestations de Moscou.
C’est dans ce contexte de relations déjà compliquées entre les deux pays que Anthony Blinken et Serguei Lavrov vont se rencontrer pour la première fois. Ce dernier qui pressent, peut-être, un dialogue diplomatique de sourd entre deux protagonistes qui resteront campés sur leurs positions semble préférer s’en remettre aux militaires. En effet, c’est ce qu’il a expliqué en substance en privilégiant la « relance de rencontres régulières entre les chefs des états-majors des pays membres du Conseil afin de "faire baisser les risques sur le plan militaire". Le dialogue entre militaires étant peut être plus efficace et constructif que les discours politiques.
D’une façon ou d’une autre, il faudra bien trouver une façon d’apaiser les esprits avant la prochaine rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine prévue en juin prochain.
Publié le 18/05/2021 18:55
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