Les contradictions venant de la Chine ne manquent pas en ce moment.
A l'heure où l'urgence climatique est à nos portes et où les dirigeants des nations du monde se retrouvent pour en debattre lors de ce que beaucoup appellent la réunion de la derniere chance, le président chinois choisit de ne pas venir. C’est peut-être l’une des grandes ironies de la COP26 que le leader de la nation qui émet plus de carbone que les États-Unis, l’Inde et l’Union européenne réunis manque la conférence sur le climat à Glasgow.
Pourtant, même en son absence, Xi Jinping assure que son gouvernement met tout en oeuvre pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique et que son absence physique au sommet ne doit pas être confondue avec de l’inaction face aux problèmes majeurs auxquels l'humanité doit faire face. Outre un engagement à contrôler l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre en 2030 et à atteindre zéro émission nette d’ici 2060, la Chine annonce avoir discrètement élaboré un plan climatique extraordinairement complet.
Le président chinois ne tarie pas de déclarations pour soutenir son action. A la façon d'un Mao, il déclarait il y a peu : « Nous prendrons le développement d’une civilisation écologique comme guide », « pour coordonner la relation entre l’homme et la nature ».
M. Xi a poursuivi en exhortant que le grand objectif est que la Chine « vive à l’intérieur des frontières planétaires et construise une économie circulaire verte et à faible émission de carbone »
Toutefois, il semblerait qu'il y ait certain un décalage entre les déclarations politiques de bonne intention et la réalité économique du moment.
Alors que l'économie mondiale a fortement repris, le géant asiatique subit de plein fouet la flambée du coût des matières premières, en particulier du charbon, dont il dépend à 60% pour alimenter ses centrales électriques. Cette situation pousse les centrales à tourner au ralenti, malgré une forte demande, entraînant, par la même, un rationnement de l'électricité et une explosion des coûts de production pour les entreprises.
Pour faire face, le gouvernement chinois a remis en fonctionnement un grand nombre de mines de charbon et vient de décider d'augmenter sa production de charbon de plus d'un million de tonnes par jour. Selon l'agence de planification NDRC (Commission nationale pour la réforme et le développement ), la production quotidienne de charbon dépasse désormais les 11,5 millions de tonnes depuis la mi-octobre. Une série de décisions qui mettent à mal la promesse du président chinois de commencer à réduire les émissions carbonées de son pays avant 2030.
Mais Xi Jinping l'a répété : " Il n’est pas prévu de mettre fin à l’électricité issue du charbon, qui représente plus de 60% de l’approvisionnement énergétique du pays". Avec 80% de toute l’énergie mondiale dérivée des combustibles fossiles, les responsables chinois soulignent la nécessité d’équilibrer les énergies nouvelles et traditionnelles.
Au final, la Chine commence à exceller dans le jeu des contradictions. Tout à la fois premier producteur mondial de charbon et premier pollueur mondial, c'est aussi le pays qui investit le plus dans les énergies propres au point d'occuper une position de leader dans le solaire et le photovoltaïque.
Publié le 02/11/2021 19:23
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