Une bataille s’amorce entre l’Unesco et le gouvernement australien.
La ministre de l'environnement australienne, Susan Ley a fait connaitre son vif mécontentement et désaccord suite à l’intention de l’Unesco de classer la Grande Barriere de corail « en danger » lors de la prochaine session du comité du patrimoine mondial qui se tiendra dans un mois en Chine. Une classification injustifiée qui aura, selon toutes vraisemblances, de lourdes conséquences économiques et sociales pour le pays. En effet, l’ensemble coralien , long de 2300 kilomètres, représente a lui seul des retombées touristiques d’un montant de 4,8 milliards de dollars américains. Le gouvernement n’a donc pas l’intention de voir disparaitre cette manne à cause de la nouvelle classification de l’Unesco. «Je conviens que le changement climatique mondial constitue la plus grande menace pour les récifs coralliens mais il est erroné, à notre avis, de désigner le récif le mieux géré au monde pour une liste (de sites) en danger» a déclaré la ministre. Le gouvernement australien a donc bien l’intention de contester cette décision. Selon elle, la décision de l'Unesco ne tient pas compte des milliards de dollars dépensés pour tenter de protéger la Barrière, située au nord-est de l'Australie. La ministre a insisté lors de son intervention en indiquant que l’Unesco «envoie un mauvais signal à des pays qui ne réalisent pas les investissements que nous faisons dans la protection des récifs coralliens».
De son coté, le comité de l’Unesco n’entend pas modifier son projet. Rétrograder le statut de ce site est une réelle nécessité selon ses membres. Dans leur rapport publié lundi dernier, ils ont souligné la forte détérioration qu’est en train de subir la barrière de corail. Ce site naturel d’une grande beauté subit lui aussi les affres du réchauffement climatique. La faune et la flore sous marine souffrent. C’est la troisième fois en cinq ans que les coraux subissent un épisode de blanchissement ; signe qu’ils se meurent. La décoloration est due à la hausse des températures de l’eau qui entraine l’expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur vive. C’est la raison pour laquelle, en décembre 2020, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) avait pris la décision d’inscrire ce site naturel dans la liste des sites classés « critiques ».
Le constat est sans appel. La moitié des coraux de cette région du monde ont disparu depuis 1995. Que ce soit sous l’effet du dérèglement climatique, des cyclones, des pratiques agricoles ou de l’apparition d’animaux dévoreurs de coraux comme l’ancasther pourpre, l’urgence est à la préservation du site. Et l’on ne peut pas dire que l’état actuel fortement dégradé de la barriere plaide en faveur de l’action du gouvernement australien. Bien au contraire comme le souligne un membre de l'organisation de défense de l'environnement Climate Council, : « la recommandation de l'Unesco couvre de honte le gouvernement fédéral, qui reste passif devant le déclin du récif corallien au lieu de le protéger» ; rapidement rejoint en cela par le responsable des océans pour le WWF, Richard Leck, qui s’est fendu d’une même critique : « Elle montre clairement et sans équivoque que le gouvernement australien ne fait pas assez pour protéger notre plus grand atout naturel, en particulier contre le changement climatique».
Il est vrai que l’Australie n’est pas franchement un modèle d’excellence dans la lutte climatique. Outre le fait que les dirigeants australiens n’ont jamais fixé d’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 comme l’a fait la grande majorité des autres pays dans le monde, préférant utiliser le terme « dés que possible », ce pays continue d’importer de très grandes quantités de charbon et de gaz naturel. L’Australie semble bien plus préoccupée a sauvegarder ses entreprises et ses emplois comme l’a récemment rappelé son premier ministre, Scott Morrison, que de faire tout ce qui est en son pouvoir pour sauvegarder ce site inestimable. Dés lors, l’Unesco a fait le bon choix.
Point Géo
Australie
Capitale : Canberra
Superficie : 7,692 millions km²
Population : 25,36 millions d'habitants
Monnaie : dollar australien
Publié le 23/06/2021 16:34
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