Lundi 28 mars, l’Eurogroupe pour les animaux, conjointement avec 16 organisations de protection des animaux, a déposé une plainte auprès de l’Autorité de surveillance de l’Association européenne de libre-échange (AELE) concernant les élevages de sang en Islande, car ils enfreignent les lois applicables dans l’Espace économique européen (EEE).
En novembre 2021, une enquête menée par animal Welfare Foundation et Tierschutzbund Zürich a révélé les conditions cruelles dans les fermes de sang islandaises. Là, le sang est prélevé sur les juments gravides afin de récupérer l’hormone gonadotrophine sérique de jument gravide (PMSG), également appelée gonadotrophine chorionique équine (eCG), qui est utilisée dans l’élevage industriel d’animaux augmenter les performances de reproduction des animaux d’élevage.
Dans les fermes de sang islandaises, les chevaux semi-sauvages sont soumis à la violence, risquent de nombreuses blessures et souffrent de traumatismes répétés. La quantité de sang prélevée - cinq litres par semaine - dépasse toutes les directives internationales existantes sur le sujet.
À la suite de ces constatations, l’Eurogroupe pour les animaux a décidé, conjointement avec 16 organisations de protection des animaux, dont plusieurs sont basées en Islande, de déposer une plainte officielle auprès de l’Autorité de surveillance AELE, en faisant valoir que L’Islande n’applique pas correctement sa législation sur la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques, qui découle de la directive de l’UE sur le même sujet. En effet, l’Islande, en tant que membre de l’Association européenne de libre-échange (AELE), doit suivre les règles de l’Espace économique européen (EEE), dont la plupart sont alignées sur les règles de l’UE.
L’argument avancé par la plainte est que la collecte de sang pour la production de PMSG ne devrait pas être approuvée par les autorités islandaises car elle ne respecte pas le principe de la 3 Rs (remplacement, réduction et raffinement) sur laquelle se fonde la directive européenne pertinente, et donc la législation islandaise, sur la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. En effet, selon ce principe, l’expérimentation animale doit, dans la mesure du possible, être remplacée par des méthodes alternatives ne reposant pas sur des animaux vivants.
Dans le cas du PMSG, ces alternatives existent car un certain nombre de médicaments synthétiques autorisés sont disponibles sur le marché pharmaceutique. Obtenir de bons résultats de reproduction est également possible avec des techniques de gestion éclairées et des méthodes sans hormones, telles qu’adoptées dans l’agriculture biologique. L’association suisse des éleveurs de porcs a même déclaré stated qu’ils cesseraient volontairement d’utiliser le PMSG, prouvant ainsi que cette transition est faisable.
Les autorités islandaises font valoir qu’elles ne considèrent pas la collecte de sang pour la production de PMSG comme une expérience animale - et donc que cette activité ne relève pas de cette législation et ne nécessite aucune autorisation. Pourtant, les autorités de l’UE, ainsi que l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), ont déclaré le contraire à de nombreuses reprises. En effet, les procédures utilisant des animaux pour la fabrication de médicaments sont classées comme des expériences sur les animaux.
L’UE est la principale destination du PMSG islandais et l’hormone, en plus d’être produite dans des conditions cruelles, ne fait que soutenir un modèle intensif et non durable d’élevage, qui va à l’encontre des objectifs énumérés dans le pacte vert pour l’Europe, et plus particulièrement de la « stratégie de la ferme à la table ». Cette plainte est donc cruciale, tout comme notre appel à l’UE pour qu’elle interdise la production et l’importation de cette hormone.
Publié le 01/04/2022 11:03
Commentaires