Pour la toute première fois, la justice vient de condamner la coupe systématique des queues des cochons ! Cette pratique est interdite depuis près de 20 ans. La France a même été condamnée par la Commission européenne en 2020 pour ces mutilations. Pourtant, elles continuent d’être pratiquées de manière quasi systématique dans les élevages porcins.
À l’origine du procès, une enquête L214
Flash-back. En décembre 2020 et en février 2021, L214 a diffusé des images provenant d’un élevage de cochons fournissant Herta. Un élevage mis en avant par la marque pour illustrer sa « filière Préférence », censée mieux traiter les animaux. Mais la réalité est tout autre : des centaines de truies enfermées dans des cages à peine plus grandes que leur corps, des porcelets qui naissent, et parfois meurent, dans un environnement de métal et de béton, des cochons mutilés et blessés.
Parmi ces mutilations, la caudectomie. Cette pratique consiste à couper à vif la queue des porcelets, sans anesthésie. Elle est censée limiter la morsure des queues, un trouble du comportement imputable aux conditions d’élevage. Par ennui, stress et frustration, les animaux se tournent vers la seule « chose » disponible dans leurs enclos nus : ils mordent les queues des autres cochons. Mais couper les queues n’est ni légal, ni acceptable ! Nous avions porté plainte pour mauvais traitements des animaux.
Si les cochons disposaient de matériaux permettant des activités de recherche et de manipulation (paille, foin, bois, sciure…), comme l’exige également la réglementation, ils n'en seraient pas réduits à se mordre entre eux.
50 000 € d'amende, et un message clair
Le tribunal correctionnel de Moulins a condamné l'élevage à une peine de 50 000 € d'amende, dont 25 000 € avec sursis. Cette condamnation marque un véritable tournant ! Une infraction tolérée depuis 20 ans, avec la complaisance des services de l'État, est enfin condamnée.
Le message envoyé par la justice est clair : la réglementation concernant les conditions d'élevage des animaux ne se négocie pas. Elle doit s’appliquer dans tous les élevages, qu’ils le veuillent ou non, et l'État est tenu de la faire appliquer.
En France, 95 % des cochons sont enfermés dans des bâtiments sans accès à l'extérieur. Et quasiment tous ces cochons ont la queue coupée. D’où l’importance cruciale de ce jugement !
Cette décision est historique, mais elle est en sursis. L'élevage a décidé de faire appel. Nous comptons notamment sur votre soutien et sur les talents de notre avocate dans cette bataille juridique pour confirmer cette décision. Nous espérons qu’elle fera jurisprudence à l’avenir et que des milliers de porcelets ne subiront plus cette douloureuse mutilation à vif.
Publié le 15/04/2022 10:20
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