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Thomas LEGRAND

Thomas Legrand travaille en tant qu'expert dans le domaine de l'environnement pour des organisations internationales publiques et privées. Il est actuellement le conseiller principal de l'Alliance pour des Systèmes Alimentaires Conscients au sein du Programme des nations Unis pour le Développement. Docteur en économie écologique, il vit dans le Sud-Ouest de la France près du Village des Pruniers, le centre de pratique de la pleine conscience du maitre Zen Thich Nhat Hanh. Il est l'auteur de "Politique de l'Etre. Sagesse et Science pour un Nouveau Paradigme de Développement" (https://politicsofbeing.com/) récemment publié en anglais avec une préface de Matthieu Ricard.

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This space is an invitation to co-create the new development paradigm we need: one that is focused on “being” instead of “having”.

Bonjour Monsieur Legrand. Nous vous remercions d’avoir accepté notre invitation pour un entretien au cours duquel nous allons parler le thème de l’écologie. Nous aborderons des sujets très actuels comme le changement climatique, la déforestation, le droit de la nature entre autres. Autant de thèmes qui vous sont chers et qui vont ont conduit à mener, durant des années, de profondes réflexions. Vous les avez d’ailleurs regroupés dans un livre récemment paru en anglais « La Politique de l’être. Sagesse et Science pour un Nouveau Paradigme de Développement ».

  • Ma première question sera de vous demander la définition que vous donnez au mot « écologie » et la place qu’elle occupe dans votre vie au quotidien ?

Pour moi, l’écologie, c’est la manière de vivre en harmonie avec l’ensemble des êtres vivants. Aujourd’hui est une magnifique journée de printemps et je me sens reconnaissant de partager cette terre avec toutes ces fleurs ! L’écologie c’est pour moi se sentir une partie de ce tout auquel j’appartiens, qui fait partie de moi, c’est un apprentissage de la vie en relation, de la sagesse. C’est aussi l’objet de mon travail sur la conservation des forêts tropicales et le changement climatique notamment.

  • Les notions d’écologie et de protection de l’environnement font très souvent l’unanimité au sein de la sphère publique et de la classe politique dans son ensemble. C’est également vrai dans une grande partie du monde. Pour autant, il est facile de remarquer la différence, pour ne pas dire le gouffre, qui subsiste encore entre les paroles et les actes, comment expliquez-vous cela ? Est-ce un manque d’information ? d’éducation ?

Je pense que notre paradigme de développement fondé sur la croissance économique est fondamentalement opposé à la préservation des équilibres naturels de notre planète et que sa nécessaire remise en cause demande une transformation très profonde de nos sociétés et des individus qui la composent. Cette transformation butte non seulement sur des structures de pouvoir liés à ce modèle économique mais aussi sur les valeurs et modèles mentaux qui fondent nos sociétés, notamment en occident comme le matérialisme, l’individualisme, le réductionnisme ou l’anthropocentrisme. Seule une profonde évolution culturelle peut nous permettre de répondre aux défis écologiques.

  • Sur un plan politique, Pensez vous qu’il soit difficile de légiférer des lors qu’il s’agit d’écologie, que ce soit en France ou à l’étranger ? La campagne bat son plein en France et force est de constater que le débat idéologique est très loin du terrain écologique. Avez-vous une explication à cela ?

Il est possible d’adopter des lois ambitieuses sur le climat mais cela dépend bien sûr de nos institutions politiques. On l’a vu avec la convention citoyenne pour le climat. On désigne au sort des citoyens pour leur demander de proposer des réponses à la crise climatique, et ceux-ci, qui n’ont pas été sélectionnés par rapport à une sensibilité écologique particulière, étudient la question avec l’appui d’experts et proposent une feuille de route dont l’ambition est incomparable à ce qu’aucun gouvernement n’a pu proposer ! cela montre bien qu’on a un problème démocratique, que le débat public n’est pas à la hauteur et cela est lié à la manière dont notre système politique qu’on peut qualifier de démocratie « antagoniste » ou « compétitive » fonctionne. Dans mon livre, je propose des réformes concrètes de nos institutions politiques qui nous permettraient d’améliorer considérablement la délibération et la prise de décision politique. 

  • Certaines mesures intéressantes sont prises comme l’interdiction du plastique dans les emballages en grande surface (qui n’est pas flagrante d’ailleurs) mais à coté de ça, on continue de décimer nos forêts pour vendre les plus beaux arbres à la Chine qui nous les revendra par la suite sous forme de meubles ou de lattes de parquet. On pourrait citer de nombreux exemples comme celui-ci dans bien des domaines. On ne marche pas un peu sur la tête ?

En effet, notre système économique n’a pour seule logique que celle du profit. Il est intéressant de constater que dans le cas que vous mentionnez sur la gestion des forêts, c’est la Chine qui agit comme un pays « développé » pourrait-on dire, dans une logique de long terme, et la France qui sacrifie son capital naturel. Ca devrait faire réfléchir.

  • Les données scientifiques démontrant que le climat de la terre se dérègle, sont toujours plus nombreuses. Selon vous, que faudrait il faire pour lutter contre les dangers qui menacent l’humanité ?

Ce dont nous avons besoin, c’est une évolution de notre notion de progrès, et une profonde réorientation de nos sociétés de « l’avoir » ou la croissance économique vers « l’être » et l’épanouissement personnel, qui devrait être notre véritable objectif. Il s’agit de redéfinir les priorités et, par là, le sens de nos vies tant au niveau individuel que collectif.

  • Vous appelez à une prise de conscience collective dans laquelle l’ « être » prendrait le dessus sur l’ « avoir ». Pouvez vous nous expliquer ce que vous entendez par la ? Nos sociétés de consommation nous pousseraient tellement à « avoir » que nous en avons perdu le sens même de la vie ?

Nos sociétés de consommation se nourrissent de notre déconnexion que cela soit en tant que consommateur mais aussi souvent en tant que travailleur, investisseur ou citoyen. C’est parce que l’on est déconnecté de nous même qu’on en vient à ignorer nos véritables besoins qui sont largement relationnelles – relation à soi, aux autres et à la nature – pour prioriser le confort matériel, la reconnaissance sociale, et tout ce que nos egos manipulés désirent mais qui ne peuvent nous rendre pleinement heureux. De nombreuses recherches scientifiques soutiennent cette analyse et ont clairement mise en évidence par exemple combien la culture consumériste nuit à notre bien-être (voir les travaux du psychologue américain Tim Kasser).

  • Si je suis votre raisonnement, chacun de nous a la solution au problème au travers de ses choix de vie et de consommation ?

On détient tous une partie de la solution en effet. Et dans bien des cas, dans nos sociétés économiquement riches, on pourrait bien souvent vivre de manière plus durable tout en étant plus heureux. Jusqu’à un certain point… car à la fois, ce n’est pas toujours facile de naviguer à contrecourant et nos gouvernements devraient faire bien plus pour nous permettre de vivre d’une manière compatible avec le maintien des équilibres planétaires.

  • Au regard des chiffres impressionnants de reprises économiques dans les pays industrialisés, n’avezvous pas l’impression que ce que vous appelez de vos vœux est très largement utopique ? Je me fais l’avocat du diable et pousse plus loin mon questionnement. Votre humanisme, certainement partagé par beaucoup, n’est il pas tout simplement balayé par une désespérante et incessante frénésie mondiale de consommation ? Une vague régulière qui n’a rien faire de la déforestation, du réchauffement des températures ou de la pollution des océans.

Je ne pense pas que la survie de l’humanité, car c’est cela qui est en jeu, devrait être considérée comme une utopie. De gré ou de force, nous devrons faire cette transition écologique. Nous n’aurons pas le choix si l’on veut continuer à vivre sur cette terre. On ne pourra pas continuer à consommer et détruire nos écosystèmes de cette manière et en ignorer les conséquences. Reste à voir combien de temps et de souffrance cela prendra. Mais il est clair que nous approchons très vite de nos limites.

  • D’ailleurs, économie et écologie sont – elles incompatibles selon vous ? En d’autres termes, vous parait il envisageable de concilier croissance économique et protection de l’environnement ?

Tout à fait. Etymologiquement, l’économie c’est la gestion de la maison, la gestion rationnelle de nos ressources, y compris bien sûr de nos ressources naturelles. Donc il ne peut y avoir de croissance économique durable sans protection de l’environnement. Mais je ne pense pas qu’il soit adéquat de faire de la croissance économique un objectif en soi, ce serait plutôt un moyen pour vivre bien. L’objectif c’est que nos besoins matériels et intérieurs soient satisfaits, et une bonne partie des biens et services que nous produisons ne répondent pas bien à ces besoins. L’économie a tendance a plutôt suivre sa propre logique : celle du profit mais dans bien des cas cela se fait au détriment de notre bien-être. C’est souvent le cas avec les nouvelles technologies. Le concept même de croissance économique renferme des réalités très diverses et à l’extrême, la destruction de l’environnement peut d’une certaine manière nourrir la croissance économique. Quand un ouragan que le changement climatique a rendu plus puissant, vient détruire une ville, sa reconstruction sera comptabilisée comme une augmentation de la production.

  • Vous dernier livre se nomme « La Politique de l’être ». Pouvez vous expliquer à nos lecteurs qu’elles ont été les motivations qui vous ont poussé à écrire ce livre ?

Cette vision d’une profonde évolution culturelle de nature spirituelle en cours comme la réponse à la crise de civilisation à laquelle nous faisons face s’est imposée à moi comme la grille de lecture pertinente pour comprendre le monde d’aujourd’hui. Contrairement à beaucoup d’autres grilles d’analyse qui deviennent rapidement obsolètes, je remarque que sa pertinence est de plus en plus reconnue. Cette compréhension me semble tellement claire que je souhaitais pouvoir la partager d’une manière accessible mais aussi solide du point de vue de l’argumentation. Je voulais aussi proposer un cadre général pour cette réflexion qui est souvent abordée de manière partielle. On parle de besoin d’une pensée systémique, de s’harmoniser avec la manière dont fonctionne le vivant, de bonheur, d’empathie, de culture de paix, de pleine conscience mais on comprend rarement que tout cela est lié à une évolution des consciences, à un développement de « l’être » sur lequel nos sociétés devraient davantage se concentrer. Je voulais enfin montrer qu’il y avait plein d’exemples de politiques publiques et de systèmes en place dans de nombreux secteurs qui pourraient constituer cette politique de l’être, qu’elle peut être mise en place dès aujourd’hui, et pourrait complètement changer nos sociétés pour le mieux en quelques décennies. 

  • Choisir d’emprunter un « chemin » écologique, en accepter toutes les contraintes et changements de vie, est ce pour vous le début d’une quête spirituelle ? Je pense notamment à un autre domaine : le véganisme. Les gens qui choisissent ce mode de vie sont animés par une prise de conscience très forte, une maturité spirituelle intense qui les poussent à placer le vivant au dessus de tout. Pourrions nous faire un parallèle avec l’écologie ?

En effet le veganisme nous montre comment une démarche spirituelle, celle du respect de tous les êtres vivants, peut contribuer de manière importante à lutter contre le changement climatique. Sans aller jusqu’au véganisme, il est intéressant de constater que manger moins de viande et produits laitiers, moins de produits transformés seraient bons à la fois pour notre santé et bien-être et celle de la planète. Pourquoi ne le faisons-nous pas ? C’est un problème de conscience. Dans bien des cas, le stress et notre santé mentale affectent la manière dont nous mangeons et la méditation de pleine conscience par exemple s’est révélée efficace pour améliorer nos habitudes alimentaires.

  • Et si l’être humain n’était tout simplement pas prêt spirituellement pour l’écologie ?

L’être humain a vécu en relative harmonie avec son environnement pendant des millénaires. Le problème est que notre pouvoir sur le monde s’est accru considérablement au cours des derniers siècles sans que cela soit accompagné par une évolution correspondante de notre sagesse ou conscience. Notre bien-être et avenir dépend fondamentalement de l’écologie mais on en a encore trop peu conscience. Les individus sont largement façonnés par la société dans lequel ils vivent et par tout un système économique, dont les ramifications sont aussi politiques et culturelles, qui s’est organisé pour cacher cette réalité. En organisant nos sociétés de manière à permettre à chacun de cultiver le meilleur de soi-même, de devenir pleinement soi-même, on se rendrait vite compte combien l’écologie est importante et n’est pas l’ennemie mais bien la voie du bien-être.  

  • N’est ce au final pas pour cette raison que l’écologie, tout comme le véganisme, restent des « niches » dans lesquelles évoluent au mieux des amusants « hyppies » des temps modernes au pire des excentriques extrémistes ; en tous cas rien de bien sérieux. Comme en attestent les sondages et les résultats électoraux.

Je ne crois pas que l’écologie ne soit pas prise au sérieux. Le problème est qu’elle ne trouve pas sa place dans le modèle de développement qui est le nôtre. C’est donc bien un modèle alternatif qu’il faut proposer qui réconcilierait épanouissement personnel et écologie. 

Je suis arrivé au terme de notre entretien Mr Legrand. Voudriez vous quelque chose à ajouter ?

Oui. Vous remercier pour votre travail et partager le site internet https://politicsofbeing.com/ et le vidéo trailer en français de mon livre que Matthieu Ricard qualifie dans sa préface d’«essai profond, éclairé, considérablement documenté, sensible et nécessaire, offrant une précieuse feuille de route pour voyager ensemble vers un monde meilleur ».

 

 

Publié le 29/03/2022 08:25

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