BOYAN SLAT se donne les moyens de ses ambitions

Né le 27 juillet 1994 à Delft, Boyan Slat est un militant écologiste néerlandais d'origine croate. A 16 ans, la vision effroyable des fonds marins va changer le cours de sa vie. A l’issue d’une plongée sous-marine en Grèce, il prend conscience du désastre écologique qui se joue au fond des mers et des océans. Le plastique a envahi les fonds marins et il ne comprend pas pourquoi les hommes ne nettoient pas tout ça ! Il décide alors de se consacrer entièrement à leur nettoyage. A 18 ans, il a pour ambition de nettoyer 90 % des océans d’ici 2050.

Boyan Slat prend à cœur la défense des océans et affiche un CV impressionnant : inventeur, entrepreneur, leveur de fonds, avocat de sa cause, communicant hors pair, chef d’équipe… A tout ça, il convient d’ajouter ses nombreux prix, dont celui du Champion de la Terre décerné par l’Onu au nom de «sa détermination et son absence de peur qui sont la marque des visionnaires ». C’était en 2014, il avait 20 ans et en était le plus jeune lauréat.

Son projet : élaborer et mettre en place un système d’immenses barrières flottantes suffisamment profondes et suffisamment larges, qui se déplacent grâce aux courants et qui retiennent les débris de plastique.

Différentes études lui ont permis de constater que les côtes retenaient le plastique de manière efficace et cela grâce au courant. Cependant, dans les profondeurs des océans où se trouve une grande partie du plastique, le manque de mouvement ne permet pas de l’intercepter, alors qu’en surface le courant est plus fort.

Partant du constat de ce phénomène naturel, il a imaginé des côtes artificielles en fabricant un système flottant de nettoyage qui forme un fer à cheval et attaché à une ancre agissant comme une barrière qui concentre le plastique afin d’être récupéré. C’est jeter une ancre géante dans les profondeurs des océans. Ce système permet de ralentir le courant juste assez pour que le plastique qui se déplace rapidement rencontre le système de nettoyage et se retrouve bloqué.

Après avoir présenté son projet lors de conférences et levé des fonds, il créé son entreprise à but non lucratif « The Ocean Cleanup », recrute des dizaines de personnes, rencontre des ingénieurs et se lance. Devant la presse du monde entier, il présente en 2018 dans la Baie de San Francisco son « System 001 ».  Quelques mois plus tard la barrière ne joue plus son rôle.

Après quelques essaies infructueux, ce jeune homme têtu et persévérant développe le « System 002 », un modèle plus résistant, reproductible à grande échelle. Des tests en cours l’encouragent à lancer, durant le 2ème trimestre 2021, sa première opération de nettoyage entièrement opérationnelle à grande échelle dans le vortex de déchets du Pacifique Nord. Zone dans laquelle la nappe de détritus de plastique entre Hawaii et la Californie couvrent aujourd’hui plus de trois fois la surface de la France.

Boyan Slat suscite autant la critique que l’admiration. Ces détracteurs lui reprochent que son invention s’attaque au problème du plastique sans tarir la source, alors qu’il faudrait en réduire drastiquement la production et mieux le recycler.

Rationnel, observateur et perspicace, il analyse les critiques avec pertinence et les transforme en idées à développer. Pour rassurer ces investisseurs, l’ONG s’engage dans des projets parallèles tout aussi ambitieux que le premier. The Ocean Cleanup met en avant qu’aujourd’hui 1 000 fleuves sont responsables de 80% de la pollution plastique des océans. Il faut prendre le mal à sa source ! l’ONG invente une péniche appelée « l’Interceptor » capable de récupérer 50 Tonnes / jour de déchets plastiques.

Cette péniche fonctionne à l’énergie solaire. Pour attirer les déchets dans sa cale, une barrière se déploie sur des dizaines de mètres et filtre les eaux fluviales. Ils sont triés sans intervention humaine et sont acheminés vers des bennes qui permettent de stocker 50 M3 de déchets en tout genre. Lorsqu’elle est pleine, un sms est envoyé aux recycleurs locaux.

Les 2 premières ont été déployées fin 2019 en Malaisie et en Indonésie.

L’essentiel de la pollution maritime vient de l’Asie et de l’Afrique. Selon Boyan Slat, placer des péniches Interceptor à l’entrée des estuaires serait une solution très efficace pour protéger nos océans.

Afin d'accompagner son développement, Boyan Slat se lance également dans le recyclage des produits ramassés. Il produit des lunettes depuis fin 2019 vendues 199 € la paire au profit de son organisation.

Ce génie pense que le progrès, les nouvelles technologies, l’entreprenariat sont notre seul espoir vers un avenir meilleur pour notre planète. Ces outils que nous fabriquons sont là pour nous aider et décupler nos capacités. L’innovation permet des changements d’échelles et ouvre la porte à des projets plus importants réalisables plus rapidement. Selon lui, rendre le problème et les solutions plus visibles génère un effet positif sur le comportement des populations qui y sont confrontées. Mettre en évidence les résultats positifs de chaque action positive pour notre environnement donne envie aux populations de réagir dans le même sens. Une action entraine une réaction.

Bien entendu, il ne faut pas sous-estimer le côté financier pour faire avancer le progrès et les projets ambitieux. Les 2 premiers millions de dollars ont été récoltés via une plateforme de crowdfunding. Depuis quelques années des entreprises et des particuliers d'Europe et de la Sillicon Valley soutiennent les projets de Boyan Slat. Beaucoup de gens croient en lui et malgré le fait qu’il puisse s’agir d’un placement à risque, l'envie de prendre part au nettoyage des océans est bien plus importante.

L’ONG est toujours en recherche de gens brillants pour rejoindre ses équipes, et continue d’encourager les particuliers et les entreprises à soutenir financièrement ses projets. La pollution des océans concerne l'humanité toute entière.