Mardi 4 mai 2021, l’association L214 œuvrant à la défense des animaux a diffusé sur son site un énième reportage choc de maltraitance animale. Cette fois, ca se passe dans un abattoir de truies à Briec dans le Finistère et plus précisément dans un abattoir de la société briecoise d’abattage (SBA) . appartenant au groupe Les Mousquetaires (Intermarché). Cette société est spécialisée dans l'abattage, la découpe et le désossage de truies de réforme, c’est-à-dire de truies en «fin de carrière». D’après les informations de L214, 2 300 bêtes y sont abattues chaque semaine. Cet abattoir avait fait déjà fait l’objet d’une inspection en avril 2016 suite à une opération de vérification de grande ampleur dans les abattoirs de France menée par le ministre de l'Agriculture de l'époque Stéphane Le Foll, toujours en réaction aux actions menées par L214 en 2015 et 2016. «Cinq ans plus tard, tous les problèmes relevés par la DDPP (les services vétérinaires) perdurent», dénonce L214.
Dans le reportage diffusé hier soir, l’on peut voir des images insoutenables de « truies poussées à coups de pied et d'aiguillon électrique, alors qu'elles semblent en partie paralysées, se traînant au sol. D'autres reçoivent des coups d'aiguillon dans l'anus pour avancer plus vite. D'autres encore se retrouvent bloquées dans un couloir visiblement trop étroit. Les coups d'aiguillon ne permettant pas de dégager les deux animaux, un opérateur se sert d'une pince à électrocuter sur l'un pour dégager l'autre. »
L’association espère que l’horreur des images aboutira à la fermeture administrative de l’abattoir et en profite pour réclamer au ministre de l’agriculture actuellement en fonction un nouvel audit généralisé des abattoirs de France.
La direction de l’abattoir s’est dite choquée : « Les images filmées à la Société Briecoise d'Abattage et diffusées ce jour par L214 sont choquantes. Nous avons décidé, par mesure conservatoire, de suspendre provisoirement la ligne de production concernée, en attendant les conclusions des différents audits et enquêtes internes qui ont été immédiatement diligentés, en lien avec les autorités sanitaires».
La préfecture du Finistère parle, quant à elle, de «pratiques inacceptables avec des manquements graves aux règles de protection animale». Pourtant, la même préfecture avait mise en alerte des 2016 sur des manquements possibles. Un rapport des services de la Direction départementale de protection des populations (DDPP), datant de 2016, mettait déjà en avant un certain nombre de « non-conformités mineures », selon les termes du document, dans le fonctionnement de l’abattoir : taille insuffisante des « logements des animaux », présence d’un treuil au-dessus d’un couloir, « mise en contact de la carcasse treuillée avec le lot dans ce couloir qui génère un stress », « observation d’animaux coincés par deux » dans un couloir, entre autres. Elle se défend en déclarant : «Les non-conformités relevées depuis 2016, toutes mineures, ont fait l'objet de rappels réglementaires à l'entreprise pour mise en œuvre d'actions correctives». Elle rappelle également que «le respect des exigences en matière de protection animale relève de la responsabilité de l'abatteur». Et de rajouter : que «les conditions de déchargement, de stabulation, d’amenée, de contention, d’étourdissement ne sont pas soumises réglementairement à une inspection permanente. Des contrôles quotidiens ponctuels sont assurés à ces postes et notamment aux postes d’étourdissement et saignée. En sus, chaque année, le service vétérinaire d’inspection officiel réalise des inspections selon le programme défini au niveau national.»
Elle s’est bien sur empressée de conclure que «Les non-conformités graves vues dans la vidéo n'ont jamais pu être observées en présence des inspecteurs. Elles auraient entraîné des sanctions administratives et pénales immédiates ».
L214 a réagi vivement et a décidé de porter plainte «pour sévices graves commis envers des animaux auprès du procureur de la République de Quimper et demander à la justice de punir sévèrement la direction de l'abattoir, ainsi que les services vétérinaires du département». Elle attaque aussi l’Etat en introduisant «un recours en responsabilité contre l'État pour manquement à sa mission de contrôle de l'application de la réglementation».
Publié le 06/05/2021 07:00
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